Goldman Sachs: Evoquant «une faute», Paris demande à Barroso de «renoncer» à son nouveau poste
UNION EUROPEENNE•L'embauche par la banque d'affaire américaine de l’ancien président de la Commission européenne continue de faire polémique...C. A. avec AFP
C’est une demande « solennelle ». Paris a prié ce mercredi à l’ancien président de la Commission européenne José Manuel Barroso de « renoncer » à travailler pour la banque Goldman Sachs, et à Bruxelles de changer ses règles applicables aux anciens commissaires.
« Monsieur Barroso fait le lit des anti-européens. Je l’appelle donc solennellement à renoncer à ce poste », a déclaré le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Harlem Désir, devant les députés français.
Une embauche « scandaleuse »
L’ex-Premier ministre portugais (2002-2004) qui a présidé la Commission de 2004 à 2014, a été engagé par la banque d’affaires américaine pour la conseiller dans le contexte du départ annoncé du Royaume-Uni de l’Union européenne.
Cette embauche « est particulièrement scandaleuse, compte tenu notamment du rôle joué par cette banque dans la crise financière de 2008 mais aussi du trucage des comptes publics de la Grèce », a estimé le responsable socialiste.
« Moralement, politiquement, déontologiquement, c’est une faute de la part de M. Barroso, c’est le pire service qu’un ancien président d’une institution européenne pouvait rendre au projet européen, à un moment de l’histoire où il a au contraire besoin d’être soutenu, porté et renforcé », a-t-il ajouté.
Un « représentant indécent d’une vieille Europe »
Le secrétaire d’Etat a également demandé à Bruxelles de changer le « code de conduite », selon lequel les commissaires doivent, dans les 18 mois suivant la fin de leur mandat, demander une autorisation à leur ancien employeur avant de pouvoir rejoindre un groupe privé, mais qui ne prévoit rien au-delà.
« Il faut étendre la durée d’interdiction à être embauché par une entreprise privée, élargir les incompatibilités, renforcer les contrôles », a commenté Harlem Désir.
« Il pourrait y avoir un organe indépendant au sein duquel serait représenté le Parlement dans toute sa diversité et des juristes internationaux pour évaluer les conflits d’intérêts et interdire ce genre d’embauche », a-t-il suggéré.
La nomination de José Manuel Barroso a été vivement critiquée, notamment en France et au Portugal. Le secrétaire d’Etat français au Commerce extérieur Mathias Fekl avait déjà qualifié José Manuel Barroso de « représentant indécent d’une vieille Europe ».