VIE PRIVEELe FBI pointé du doigt sur la reconnaissance faciale

Reconnaissance faciale: Le FBI pointé du doigt pour une base de données de millions de photos

VIE PRIVEEUn rapport dénonce l'opacité du système et le peu de tests pour avérer son efficacité...
Mathias Cena

M.C.

Le FBI exploite un outil dantesque de reconnaissance faciale, alimenté par un vivier potentiel de plus de 411 millions de photos, le tout dans l’opacité la plus complète, selon un rapport publié mercredi par l’organisme d’audit et d’investigation du Congrès américain chargé du contrôle des comptes publics du budget fédéral (GAO).

Selon le rapport, le FBI disposerait d’une part de quelque 30 millions de photos d’identité judiciaire, prises par la police lors d’arrestations, de la base de données de son logiciel Next Generation Identification (NGI). C’est cet outil qui aurait notamment permis d’identifier Mohamed Abrini après les attentats de Bruxelles.

Photos permis de conduire, passeports et demandes de visas

Mais la police fédérale pourrait aussi puiser dans les bases de données de photos de permis de conduire de 16 Etats américains, ainsi que dans les photos de passeports ou de demandes de visas fournies par le Département d’Etat, soit des millions de personnes, citoyens américains ou non, qui n’ont jamais été accusées d’un crime quelconque.

« Quand vous atteignez l’âge de 16 ou 17 ans, vous n’allez pas au poste de police pour faire relever vos empreintes digitales, vous passez plutôt votre permis de conduire, explique au site Tech Crunch Alvaro Bedoya, le directeur du centre de la vie privée et de la technologie de l’école de droit de Georgetown. Mais là, ça revient au même pour le FBI. »

Une efficacité contestée

Selon le GAO, le FBI n’a pas révélé l’impact énorme de son outil sur la vie privée des gens, comme l’y oblige la loi américaine. « Il n’y a apparemment aucune supervision interne de ce système et c’est incroyable », relève Alvaro Bedoya.

Dans son rapport, le GAO recommande que le Procureur général détermine pourquoi le FBI n’a pas respecté les exigences de transparence, mais aussi que le Bureau fédéral s’assure de l’efficacité de son outil. Celle-ci n’est en effet pas prouvée, et difficile à juger, relève le GAO. « Le FBI n’a procédé qu’à des tests assez minimalistes de la précision » de son outil, affirme de son côté Jennifer Lynch, une responsable de l’ONG Electronic Frontier Foundation, au Guardian. Par ailleurs, plusieurs études ont démontré la difficulté qu’ont les logiciels de reconnaissance faciale à reconnaître les personnes issues de minorités ethniques, les femmes et les jeunes en général.