PORTRAITQui est Omar Omsen, le djihadiste revenu des morts?

Syrie: Qui est Omar Omsen, le djihadiste revenu des morts?

PORTRAITLe djihadiste niçois, annoncé mort en juillet 2015, aurait mis en scène « sa résurrection » pour sauver ce qu’il reste de son influence…
Omar Omsen en 2014
Omar Omsen en 2014 - Al-Jazeera
Olivier Philippe-Viela

Olivier Philippe-Viela

«L’émir Omar Omsen n’est pas mort, l’annonce de sa mort a été répandue pour une raison bien précise. D’ailleurs, vous parlez avec Omar lui-même depuis tout à l’heure. […] Je suis vivant. » C’est par ce message envoyé au journaliste Romain Boutilly que le djihadiste Omar Omsen, 41 ans, a démenti la nouvelle de sa mort, annoncée en juillet 2015 par ses enfants. Un documentaire de Complément d’Enquête qui sera diffusé sur France 2 jeudi révèle cette mise en scène, Omar Omsen y apparaissant au milieu de ses fidèles dans un camp de fortune en Syrie. 20 Minutes revient sur son histoire.

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Sa fausse mort puis sa pseudo-résurrection ont eu un impact considérable dans la sphère djihadiste, car ce franco-sénégalais était jusqu’en 2014 le principal recruteur d’Al-Qaida en France.

Originaire du quartier populaire de l’Ariane à Nice, il s’était fait connaître par une série de vidéos d’embrigadements, « 19 HH », que le Centre de prévention contre les dérives sectaires présentait comme « le principal point d’entrée dans l’autoradicalisation ».

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Omar Omsen - Omar Diaby de son vrai nom- avait rejoint la Syrie via le Sénégal et la Tunisie en juillet 2013, pour mener sa propre katiba (« bataillon ») affiliée au Front Al-Nosra, la branche d’Al-Qaida dans le pays. Issu du grand banditisme, il avait avant cela passé plusieurs années en prison où il s’était radicalisé. « En sortant, il a eu une espèce de révélation mystique et a décidé de devenir un émir du djihad », explique le journaliste de RFI David Thomson, spécialiste des réseaux djihadistes.

Menacé par Daesh

Son influence sur les réseaux sociaux et par ses vidéos était telle qu’en 2013, il était considéré comme la principale figure de la « djihadosphère » sur le Web français. Le nombre de départs en Syrie dont il est responsable est difficile à estimer. Une vingtaine selon le ministère de l’Intérieur, « peut-être un quart des djihadistes français d’Al-Nosra » selon David Thomson, 80 selon Omar Omsen lui-même, qui en parlait à L’Obs en 2014. Mais quelle que soit l’estimation, si Nice est la première ville de France en nombre de djihadistes partis en Syrie, il en est la principale cause.

Alors pourquoi cette mise en scène de sa mort l’été dernier ? A France 2, il a affirmé que le but était « de pouvoir sortir de Syrie pour subir une importante opération chirurgicale dans un pays voisin, sans se faire repérer ». David Thomson ne croit pas à la raison invoquée : « Je pense qu’il s’est fait passer pour mort car il est menacé par d’autres groupes djihadistes en Syrie. » Notamment l’Etat islamique, à qui il a refusé de prêter allégeance.

Gourou d’un bataillon en perte de vitesse

Son profil facilement détectable en Syrie, notamment en raison de sa couleur de peau, l’a poussé à sortir de sa retraite médiatique. « La rumeur selon laquelle il était toujours en vie commençait à prendre de l’ampleur, il a dû ressentir le besoin d’officialiser ça en contactant France 2 », ajoute David Thomson, qui avait annoncé dès le mois d’avril que la mort d’Omar Omsen était potentiellement fausse.

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Le but de la manœuvre serait aussi de relancer son groupe djihadiste en perte de vitesse. Un scénario toutefois peu probable selon le journaliste de RFI. Entre 2014, au pic d’influence du recruteur niçois, et aujourd’hui, la situation a changé en Syrie avec l’émergence de Daesh. « Désormais, les jeunes rejoignent plutôt l’EI qu’Al-Qaida. Son bataillon est considéré comme un petit groupe d’adolescents totalement sous son emprise. Il est vu comme un gourou qui a presque créé sa propre religion », conclut-il.