POLITIQUELe remplaçant de Dilma Rousseff traîne d'énormes casseroles

Brésil: Depuis 2009, le nom de Michel Temer cité à plusieurs reprises dans des affaires de corruption

POLITIQUEMichel Temer a remplacé Dilma Rousseff à la tête de l’Etat fédéral brésilien et promet de restaurer la crédibilité du Brésil. Tâche ardue pour un homme qui, contrairement à sa prédécesseure, voit son nom revenir à plusieurs reprises dans des affaires de corruption…
William Pereira

William Pereira

Et si c’était pire maintenant ? Dilma Rousseff a été écartée jeudi du pouvoir au Brésil en vue d’un procès en destitution devant le Sénat, et a été de ce fait remplacée par son vice-président, Michel Temer. Ce dernier a clamé son intention de « restaurer la crédibilité du Brésil » suite à sa nomination au pouvoir. Ironique, lorsque l’on sait que contrairement à Dilma Rousseff, son nom a été cité dans le scandale Petrobras, et qu’il est, au moment où il prend ses fonctions, moins populaire que sa prédécesseure. 20 Minutes revient sur les casseroles que Michel Temer apporte au palais du Planalto.

  • En 2009, son nom apparaît pour la première fois dans une affaire de corruption

S’il reste présumé innocent, le leader du groupe centriste PMDB (Parti du Mouvement Démocratique Brésilien) est cité comme bénéficiaire de pots-de-vin par plusieurs inculpés entendus dans le cadre de l’opération Lava Jato (l'enquête judiciaire de la police fédérale sur le scandale Petrobras). En 2009, la police met la main sur des feuilles de calcul au domicile d’un ponte du groupe Camargo Correa, spécialisé dans le bâtiment et également mêlé au scandale Petrobras, dans lesquelles Michel Temer – alors député - est cité 21 fois entre 1996 et 1998 au côté de sommes avoisinant les 304.000 euros.

L’entrepreneur ciblé à l’époque par les investigations de l’opération dite « Castelo de Areia » (château de sable), était soupçonné de verser des pots-de-vin à des politiques pour obtenir des contrats avec le Gouvernement sans qu’il n’y ait d’appels d’offres. Contrairement à l’opération Lava Jato, Castelo de Areia a été rapidement close prématurément, sans jamais être rentré dans les détails. Michel Temer a évidemment réfuté toutes les accusations qui le visaient à l’époque.

  • En 2014, son nom apparaît au côté de deux versements de 35.000 euros

Cinq ans plus tard, c’est dans le cadre de l’opération Lava Jato que le nom du nouveau président brésilien par intérim refait surface. Les enquêteurs trouvent une nouvelle feuille de calcul de l’entreprise Camargo Correa dans laquelle Michel Temer est cité au côté de deux versements de 35.000 euros, dans le cadre de travaux de pavage à Araçatuba et duplication de voie à Praia Grande, deux chantiers étrangement estimés à près de 16 millions d’euros chacun.

  • En 2015, dénonciation et écoutes téléphoniques

Un an plus tard, c’est un autre chef d’entreprise, celui du groupe Toyo Setal, qui, dans un plaidoyer négocié par les enquêteurs du Lava Jato, cite les noms de plusieurs cadres du PMDB, dont Michel Temer (et Eduardo Cunha, président de l’Assemblée récemment suspendu).

La même année, des écoutes téléphoniques effectuées sur le téléphone portable de José Aldemario Pinheiro, patron de l’entreprise OAS, condamné à 16 ans de prison pour corruption, blanchiment d’argent et organisation criminelle, sous-entendent que Michel Temer aurait reçu près d’un million et demi d’euros de la part de Pinheiro. De fait, dans une conversation téléphonique avec ce dernier, Eduardo Cunha lui reproche d’avoir immédiatement donné 1.5 millions d’euros à Michel Temer mais retardé le paiement des autres membres du PMDB, dont Cunha lui-même. Ce coup de fil intercepté a permis à la justice de coincer tous les pontes du PMDB, sauf l’actuel président du Brésil par intérim.

Bonus : Sept des ministres qu’il a nommés sont également impliqués dans des scandales de corruption

Le nouveau gouvernement brésilien est également bien loti puisque parmi les 24 ministres nommés par Michel Temern, sept d’entre eux sont inquiétés ou ont déjà été formellement impliqués dans des affaires de corruption. Romero Jucá, ministre de la planification du Brésil, est de ceux-là. Il n’y a pas plus tard qu’en février 2016, ce dernier avouait avoir demandé près de 400.000 euros au patron de l’entreprise UTC Engenheira pour financer la campagne de son fils Rodrigo, candidat au poste de vice-gouverneur de Roraima. Le hic, c’est que le patron d’UTC jure avoir versé la somme pour obtenir un chantier dans le centre nucléaire Angra 3. Romero Juca a jusqu’ici nié ces accusations en bloc.

Mendonça Filho, Raul Jungmann, Bruno Araújo, Ricardo Barros, Henrique Eduardo Alves et Geddel Vieira Lima sont les autres ministres inquiétés par des affaires.