Le nom d'un avocat du procès «LuxLeaks» associé aux «Panama Papers»
JUSTICE•L’avocat s’est défendu de toute « incompatibilité »…20 Minutes avec AFP
C’est pourtant une situation quelque peu ironique. Défendre un lanceur d’alertes à l’origine des « LuxLeaks » et être associé à des avocats travaillant auprès de clients intéressés par l’optimisation fiscale au Panama n’est « pas incompatible », a estimé ce mercredi un avocat luxembourgeois en marge du procès des LuxLeaks.
Me Philippe Penning, un des défenseurs du Français Antoine Deltour, a dû s’expliquer sur ce qui a été décrit dans la presse comme une « tâche » sur sa réputation.
Le cabinet Penning-Schiltz-Wurth, auquel l’avocat est associé, apparaît dans les « Panama Papers », les documents du cabinet panaméen Mossack Fonseca divulgués par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ).
Un intermédiaire
Ce cabinet est « cité comme intermédiaire dans la constitution de sociétés off-shore pour le compte de 37 clients, entre 1993 et 2008, aux Seychelles, dans les îles Vierges, ou encore au Panama », a écrit mercredi le quotidien belge La Libre Belgique.
Sollicité par l’AFP, Philippe Penning a assuré que ses associés n’étaient intervenus en tant qu’intermédiaires que « pour la vente de telles sociétés ».
Il a ajouté n’avoir « jamais créé, acheté ou détenu une quelconque société de droit panaméen à titre personnel », ni procédé « à aucun moment directement ou indirectement à la vente ou à la mise à disposition d’une telle structure ».
Les informations publiées par l’ICIJ lundi soir permettent d’identifier plusieurs dizaines de cabinets d’avocats ayant agi en qualité d’intermédiaires pour faire créer des sociétés dans des paradis fiscaux pour le compte de leurs clients.
Le consortium a notamment recensé 10.877 sociétés constituées par le cabinet Mossack Fonseca qui sont liées au Grand-Duché. Leur création a été permise par l’intervention de 411 intermédiaires de droit luxembourgeois (fiduciaires ou cabinets d’avocats).
Aucune incompatibilité
« On me reproche une incompatibilité entre le mandat pour Antoine Deltour et cette activité marginale et désuète du cabinet. Or, dans nos règles, il n’existe aucune incompatibilité de ce genre », a encore plaidé l’avocat.
« La seule personne qui pourrait me faire un tel reproche est bien le client lui-même, ce qui, sauf erreur de ma part, n’est pas le cas », a-t-il poursuivi.
Dans ce procès des LuxLeaks, ces fuites de documents qui ont permis de mettre au jour les pratiques fiscales décriées du Grand-Duché, le tribunal rendra son jugement le 29 juin, a-t-on appris mercredi.
Mardi, à la veille de la dernière audience, le parquet avait requis 18 mois de prison, éventuellement avec sursis, contre Antoine Deltour et Raphaël Halet, les deux anciens employés du cabinet d’audit PricewaterhouseCoopers (PwC) à l’origine de ces fuites. Une amende a été requise à l’encontre du journaliste Edouard Perrin, également de nationalité française, qui avait relayé les révélations.