Ebola: Les viols et agressions sexuelles envers les femmes, face cachée de l'épidémie
SANTE•Les grossesses adolescentes ont explosé en Afrique de l'Ouest...20 Minutes avec agence
C’est la face cachée de l’épidémie d’Ebola. Si la maladie, débuté en 2013 en Guinée, a fait plus de 11.300 morts, elle a aussi favorisé le développement d’un autre fléau : la poussée des viols, des agressions sexuelles et des violences envers les femmes et les jeunes filles en Afrique de l’Ouest.
Ainsi, les grossesses adolescentes ont par exemple bondi de 65 % durant l’épidémie dans certaines régions de Sierra Leone, selon une étude publiée par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
Un pic de grossesses adolescentes
Plus généralement, d’après une autre étude, menée par l’Unicef et les ONG Plan International, Save the Children et World Vision, le nombre de grossesses adolescentes aurait quasiment doublé dans les régions frappées par la maladie.
« Les épidémies sont identiques à des situations de conflit. Vous avez une lacune de gouvernance, vous avez du chaos et de l’instabilité. Autant de facteurs qui fragilisent les femmes face à la violence sexo-spécifique », explique Monica Onyango, chercheuse en santé mondiale à l’Université de Boston (Etats-Unis), citée par Slate.
Les conséquences du confinement
Mises en quarantaines, couvre-feux, fermetures d’écoles, annulation de matchs, fermetures de bars… toutes ces mesures, destinées à endiguer la propagation du virus, ont augmenté le risque pour les femmes et les jeunes filles d’être victimes de violences et de viols, selon Marie Handing, qui travaille au centre médical Star of the Sea, au Liberia.
« Quand une fille n’est pas à l’école, quand elle est à la maison toute la journée et quand tout le monde est à la maison toute la journée, elle est en danger », affirme-t-elle dans Slate.
Du sexe contre de la nourriture
Autre fléau, la faim, qui aurait poussé certaines filles, dès leur plus jeune âge, à échanger du sexe contre de la nourriture. En effet, selon une étude menée au Sierra Leone par Save the Children, 10 % des enfants interrogés ont déclaré que les filles qui avaient perdu leurs proches à cause d’Ebola avaient été obligées de se prostituer pour se nourrir et se loger.
Et alors que la menace de la maladie s’éloigne, les victimes de cette « seconde épidémie » restent livrées à elles-mêmes. « Avant, c’était affreux, mais depuis Ebola, c’est encore pire, ce sont des filles de 13 ans qui arrivent et qui sont enceintes. Ebola a rendu les choses vraiment très très difficiles pour les filles », commente Marie Harding.