Florence Hartmann, l'ex-porte-parole du TPIY, raconte ses six jours de détention avec les prisonniers de guerre
TEMOIGNAGE•L'ex-journaliste a été détenue dans une zone désaffectée et n’a aucun contact avec les autres prisonniers...Clémence Apetogbor
Le 24 mars dernier, Florence Hartmann, ancienne porte-parole du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), est arrêtée à La Haye, aux Pays-Bas
Il est reproché à la correspondante du Monde dans les Balkans d’avoir divulgué dans un livre que le TPIY avait abusivement caché des preuves impliquant la Serbie en tant qu’Etat dans les massacres de Srebrenica.
Déjà condamnée à une amende de 7.000 euros pour outrage à la cour en 2009, Florence Hartmann est interpellée et détenue à la prison internationale de Scheveningen, dans l’aile dévolue aux criminels de guerre. Après six jours d’emprisonnement, la libération anticipée que réclame la femme de 53 ans lui est accordée. Ce mardi, elle raconte à L’Obs ses six jours de détention.
Isolement
L’ancienne journaliste réclame un avocat, en vain. Elle est emmenée dans une zone désaffectée et n’a aucun contact avec les autres détenus.
Elle découvre son « welcome package » qui contient le nécessaire, « une paire de sandales pour la douche, une brosse à dents, un dentifrice, un flacon de gel douche, un survêtement, un maillot de corps XXL, dix slips blancs à poche kangourou de la même taille et autant de rasoirs double lame », précise L’Obs. « Au moins, j’ai gardé mes vêtements civils. J’ai pu porter mes talons en prison », affirme Florence Hartmann.
Privée de promenade
La Française n’a pas pu commander auprès du cantinier de la prison des produits culinaires pour améliorer l’ordinaire, contrairement aux autres détenus, et se contente de plateaux-repas hollandais. « Une barquette noire carrée avec un tout petit bout de viande, un peu de légumes et des pommes de terre bouillies ».
Florence Hartmann est également interdite de promenade, privée de parloir et sous surveillance en permanence. Elle a seulement accès à une terrasse grillagée, aménagée dans le toit, aux côtés des surveillants qui viennent y fumer.
Toutefois, au même étage que sa cellule, elle a accès à une salle de fitness. Depuis la fenêtre, elle aperçoit et reconnaît l’ex-commandant serbeRatko Mladic, impliqué dans le massacre de Srebrenica. « Je l’ai reconnu tout de suite. J’ai alors piqué une crise. J’ai dit : Pourquoi ont-ils droit de se balader à ciel ouvert et pas moi ? », explique l’ex-journaliste.
Elle sera finalement relachée le 29 mars.