«Pas de relation directe entre les séismes japonais et équatoriens»
CATASTROPHE NATURELLE•Après les deux séismes, au Japon et en Equateur, de la semaine dernière, des sismologues répondent aux questions que les internautes se posent...B.T.
La semaine dernière, le sud du Japon a été secoué par deux séismes et quelque 500 répliques, faisant 42 morts et un millier de blessés. Samedi, c’est l’Equateur qui a été frappé par un tremblement de terre de 7,8 sur l’échelle de Richter, qui ont fait près de 300 morts.Ces deux pays sont situés sur la fameuse ceinture de feu, une ligne de volcan qui borde l’océan Pacifique, du continent américain au continent asiatique. 20 Minutes fait le point sur les liens éventuels et les conséquences de tels séismes.
Ces deux séismes sont-ils liés ?
« La distance entre ces deux événements est trop importante pour qu’il y est une relation directe, explique Antoine Schlupp, responsable scientifique au Bureau central sismologique français (BCSF). D’autant que le séisme au Japon est trente fois plus faible que le tremblement de terre équatorien. L’amplitude de l’onde japonaise était d’ailleurs devenue très faible quand elle est arrivée dans la zone de l’Équateur. » Plus de 15 000 kilomètres séparent le Japon de l’Équateur, mais les deux pays sont situés sur le même ensemble de plaques tectoniques, la ceinture de feu.
Au Japon, le séisme de l’île de Kyushu a été suivi de plus de cinq cents répliques. Elles ont même été plus destructrices que la première secousse. Est-ce une situation courante ?
L’agence de météorologie japonaise a averti que de fortes secousses risquent de se produire au moins dans la semaine à venir. « On sous-estime souvent l’effet des répliques, analyse Antoine Schlupp. L’événement principal va attaquer les structures. Les répliques vont agir sur des bâtiments déjà extrêmement fragilisés. On peut avoir des dégâts et des victimes. Ces répliques sont la grande peur des secouristes. » Yoshihisa Iio, le chef du Centre de recherches sismiques de l’Université de Kyoto précise : « Quand se produit un séisme, se créent des tensions autour des failles voisines et cela tend à générer d’autres mouvements telluriques », Que ce soit au Japon ou ailleurs, il est impossible de prévoir les tremblements de terre d’autant que les mécanismes ne sont pas totalement connus.
Existe-t-il un lien entre les récents séismes du Japon, de l’Équateur, du Pakistan et de Taïwan et peuvent-ils être précurseurs d’un « mega-séisme » ?
De nombreux séismes se produisent ces derniers temps en différents points de « la ceinture de feu du Pacifique ». Pour les experts, ils ne sont pas nécessairement liés. Mais les récentes secousses au Japon sont à prendre en compte pour tenter d’évaluer la probabilité d’un « méga-séisme » le long de la côte sud de l’archipel jusqu’à Tokyo.
Un tel événement peut se produire à tout moment et pourrait générer un énorme tsunami et tuer jusqu’à 320 000 personnes au Japon, y anéantir 2,4 millions d’habitations et obliger à évacuer 9,5 millions d’habitants. Le risque d’un tel « méga-séisme » est évalué par les autorités nippones à 60 à 70 % dans les 30 années à venir.
Quels sont les risques sismiques en France ?
« Nous sommes incapables de dire où aura lieu le prochain événement sismique en France. Il y a statistiquement un événement destructeur tous les siècles. Le dernier a lieu en 1909 à Lambesc près d’Aix-en-Provence, rappelle Antoine Schlupp. Il était de magnitude 6, c’est un millier de fois plus faible que celui en Equateur. » Le scientifique précise que les zones où une activité sismique est régulièrement mesurée sont le Jura, les Alpes, les Pyrénées, le fossé Rhénan, le Massif central, et le Massif armoricain. Le Bureau central de sismologie dépend d’ailleurs des témoignages des habitants pour quantifier et analyser ces secousses.