ETATS-UNISLes primaires américaines version «Game of Thrones»

L'élection américaine racontée façon «Game of Thrones»

ETATS-UNISLa course à la Maison Blanche est jonchée de cadavres et de trahisons...
Philippe Berry

Philippe Berry

Disclaimer: Les citations et les situations, inspirées de la fiction, ont parfois été légèrement modifiées.

Previously on Game of ThronesDans le royaume de Westeros, le trône est convoité par 19 prétendants. Sans héritier naturel, la bataille s’annonce longue et sanglante.

(Photos ci-dessous Sipa et HBO/Photomontages « 20 Minutes »)

Maison républicaine

Le King of the North, le gouverneur du Wisconsin Scott « Ned » Walker, fait figure de favori. Les électeurs sont donc sous le choc quand il perd sa tête dès l’automne. Le ton est donné. Tout peut arriver.

Celui que personne n’a vu venir, c’est Donald « Daenerys » Trump. Avec sa perruque blonde (il jure qu’il s’agit de ses vrais cheveux, mais personne n’y croit), il a des dragons et des millions. Et surtout, le souffle de la colère couve avec six républicains sur dix qui réclament un outsider pour purger par le feu la corruption de la capitale. Alors que le royaume a peur d’une invasion, Trump joue les pyromanes.

« « Il est temps de dire la vérité. Le Nord ne nous envoie pas ses meilleurs éléments. Il nous envoie ses problèmes. Il envoie sa drogue, il envoie son crime. Certains sont des morts-vivants. Certains sont des violeurs. » »

​Sa solution ? « Je vais construire un mur. Il sera grand, il sera beau, et les marcheurs blancs vont régler la facture. » Son slogan : « Make Westeros Great Again. »

Le benjamin, Marco « Bran » Rubio, monte au créneau. « On ne peut pas insulter tous les marcheurs blancs de la sorte. Mon grand-père est né là-bas. Quand je serai président, ils pourront venir légalement. »

Pendant ce temps-là, Jeb « Stannis » Bush » ronge son frein. Frère de l’ancien roi, il estime être l’héritier légitime. Il lève même plus de 150 millions de pièces d’or. Le problème, c’est qu’il a le charisme d’une huître. Au premier tournoi, Trump lui trouve un surnom : « Low Energy Jeb. »

Ted « LittleFinger » Cruz, lui, place ses pions. Il sait qu’il n’a aucun ami au Conseil du roi mais il s’en moque. Il utilise son réseau d’espions pour établir un profil psychologique des sujets et dépense tout son argent pour recruter une armée de soldats fidèles pour faire du porte à porte.

Le gentil Ben « Hodor » Carson perce dans les sondages. Il chante la gloire du véritable Dieu, le Lord of Light. Mais tout le monde se moque de lui quand il confond les Dothrakis et les Ghiscaris.

Maison démocrate

Hillary « Cersei » Clinton a sagement attendu son tour pendant 16 ans. Supporté en silence les infidélités de son mari. Et voilà qu’un vieillard de 74 ans la défie. Pour ne rien arranger, elle est visée par une enquête pour avoir utilisé ses pigeons personnels et pas ceux du château.

Bernie « High Sparrow » Sanders s’impose comme le candidat du peuple et de la vertu. Il promet une « révolution » et jure qu’il va démanteler l’Iron Bank. « Les 0,1 % du haut possèdent autant de richesses que les 90 % du bas », tonne-t-il, hashtag #SocialismIsComing.

Mars 2016, Maison républicaine

L’armée de Trump grandit, son avancée continue et personne ne comprend pourquoi. Il n’a aucune expérience politique. Il ne donne aucun détail sur son programme. Il fait des caprices. Il insulte tout le monde. Mais à tous les coins de rue, les crieurs publics répètent son message en boucle :

« « On ne gagne plus. On perd contre Essos, on perd contre Sothoryos. Moi, je gagne, gagne, gagne. Et avec moi comme roi, Westeros va gagner aussi. » »

Ted Cruz multiplie les coups fourrés. Il balance une rumeur sur l’abandon de Ben Carson et remporte une bataille litigieuse. Les autres rendent les armes un par un. A la surprise générale, The Hound, Chris Christie, après avoir démonté «Marco le robot» dans un duel, prête allégeance à Trump, en espérant devenir Hand of the King.

Les derniers prétendants tentent de s’unir, en vain. Blessé, Marco Rubio tombe chez lui, à Winterfell, et Jeb Bush se fait poignarder dans le Sud. « Trump sends his regards », glisse son bourreau en tournant la lame.

Maison démocrate

Sanders tente un coup contre Clinton. Ses gardes l’arrêtent et coupent ses boucles d’or. Il accuse : « Elle n’est pas qualifiée pour être reine. Elle a voté pour la guerre. Elle accepte de l’argent des banques. » « Shame, Shame », scande le peuple, qui offre sept victoires de suite à son champion.

Clinton, elle, sèche ses larmes et se verse un verre de vin. Elle conserve une courte avance dans la bataille, et elle a une arme secrète pour la Convention estivale : ses 500 « super délégués », des barons de la Maison démocrate qui ne sont pas choisis par le peuple. Face à son miroir, elle murmure : « Power is Power. »

Maison républicaine

Après avoir laissé les champions s’entre-tuer, John « Varys » Kasich se réveille. Il remporte sa première bataille, à domicile. Il sait qu’il n’a aucune chance de gagner la guerre mais il mise sur le chaos à la Convention, fin juillet, pour tenter de prendre le pouvoir.

« WHERE ARE MY DRAGONS ? », hurle Trump, le visage un peu plus orange que d’habitude. Malgré une série de 20 victoires sur 30 batailles, le chemin vers la nomination est piégé. La Maison républicaine semble prête à tout pour lui barrer la route et le maintenir sous la majorité absolue des 1.237 délégués. Même à soutenir Ted « Littlefinger » Cruz, en embuscade.

« Choisir entre Trump et Cruz, c’est comme de choisir entre être empoisonné et décapité. Mais je préfère encore l’épée », se désole un prince républicain. Cruz, lui, a du mal à cacher son sourire. Les favoris sont morts ou ont abdiqué. Il a placé ses lieutenants pour la Convention. Tout se passe exactement comme il l’avait prévu. Comme il le répète souvent : « Le chaos n’est pas un puits. C’est une échelle. » Il ne lui reste plus qu’à grimper.

Rendez-vous fin juillet pour le season finale.