MOYEN-ORIENTLa défaite de Palmyre et l'attaque sur Mossoul, des coups durs pour Daesh

Reprise de Palmyre et offensive sur Mossoul, premières étapes vers le déclin de l'Etat Islamique

MOYEN-ORIENTL’armée de Bachar el-Assad, soutenue par l’aviation russe, a réussi à reprendre Palmyre des mains de l’Etat Islamique, tandis que les Américains soutiennent l’Irak à Mossoul, également contrôlée par Daesh…
W P

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Près d’un an après sa conquête par les forces de l’Etat Islamique, l’armée syrienne et ses alliés ont repris Palmyre, ce vendredi. L’annonce est faite par une source militaire, citée par l’AFP. « Nos forces armées, en coordination avec les (miliciens) des Forces de défense nationale, ont pris le contrôle de l’ancienne citadelle de Palmyre, après avoir infligé de lourdes pertes aux terroristes de Daesh. » Les opérations autour de la ville avaient débuté ce jeudi, au moment où Irakiens et Américains commençaient à attaquer les positions de l’EI à Mossoul. Pour Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève (Cermam), la simultanéité des attaques « n’est pas due au hasard. Il y a une forte coordination en matière de politique militaire dans la région ».

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Pourquoi Palmyre et Mossoul ?

Mais pourquoi Palmyre et Mossoul ? Pour Hasni Abidi, la cité antique « n’a jamais été une priorité stratégique. Je pense que c’est une conquête politique » de la part de Bachar al-Assad, à la fois en interne, car le dirigeant syrien avait été vivement critiqué dans son pays quand il avait laissé tomber la ville en mai 2015, mais aussi sur la scène internationale.

« La reprise de Palmyre va donner une reconnaissance, une légitimité externe à Bachar al-Assad. Après cela, il pourra présenter son maintien comme nécessaire au règelment du problème de l’EI » dans la région, croit savoir Frédéric Pichon, spécialiste en géopolitique du Moyen-Orient. « Cela va avoir un impact sur les négociations de Genève », ajoute-t-il.

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Pour Mossoul, la situation est un peu différente car il s’agit de la deuxième ville irakienne (près de trois millions d’habitants) derrière Bagdad. « Le gouvernement n’a jamais cessé de dire que la reconquérir était une priorité » explique ainsi Hasni Abidi, bien qu’au fond, un calcul politique se cache tout de même derrière cette entreprise militaire.

« Le pouvoir iraqien est contesté, il y a des attentats tous les jours et il y a encore des manifestations aujourd’hui en Irak. Reprendre Mossoul est donc une stratégie intéressante pour les Irakiens par rapport aux tensions internes », renchérit Abidi, mais aussi parce que le pouvoir irakien pense pouvoir obtenir de l’aide militaire extérieure – principalement des Etats-Unis –, afin de lutter contre l’Etat Islamique sur son territoire.

A Mossoul, la bataille sera « plus longue » et « plus sanglante »

Si Palmyre est déjà tombée des mains de Daesh, la bataille de Mossoul s’annonce plus rude, prévient Frédéric Pichon. « C’est une opération menée par les forces irakiennes et américaines. Pour le moment, les attaques à Mossoul concernent la périphérie de la ville. Il s’agit d’une guerre urbaine donc plus longue, et malheureusement plus sanglante. » Une triste prémonition qui, espère-t-il, « permettra de nous réveiller, et de constater que les guerres propres n’existent pas, même au nom de la démocratie. »

Quelles conséquences pour Daesh ?

Parier sur les forces des uns et des autres reste difficile, mais « aujourd’hui, l’EI n’est pas dans une position ascendante », observe Hasni Abidi. C’est en tout cas ce que laisse entendre la mort du numéro 2 de l’Etat Islamique, Abdelrahmane al-Qadouli, tué dans une opération aérienne menée par les Etats-Unis. « L’EI est en train de consolider certaines positions et d’en perdre d’autres, mais il n’en gagne plus », ajoute Abidi.

Autrement dit, l’Etat Islamique serait en train d’entamer un déclin, qui devrait le mener à « abandonner la stratégie de conquête d’un espace géographique », ce qui le distinguait d’Al-Qaida, « pour frapper un peu partout. » Conséquence de cet échec, l’EI va « se radicaliser un peu plus au sein des noyaux qu’il va réussir à consolider, et miser sur des actes de guérilla que ce soit sur place ou en Europe », poursuit le directeur du Cermam. Il faut donc craindre des représailles à court terme, bien qu’en l’espèce, Daesh semble destiné à ressembler à Al-Qaida.

Un demi-tour géopolitique des Etats-Unis qui isole François Hollande

S’il est évident que l’aviation russe a soutenu l’armée de Bachar al-Assad à Palmyre, Frédéric Pichon dit « tenir de source sûre que l’aviation américaine a aussi apporté son aide » aux militaires syriens. De plus, le soutien des Américains à Mossoul laisse clairement entendre que la Russie et les Etats-Unis sont d’accord sur le fait que la priorité n’est pas l’éviction du leader syrien mais le combat contre l’EI.

« C’est un demi-tour géopolitique de la part des Américains », ajoute Frédéric Pichon. Une manœuvre qui n’est pas sans conséquences pour la France. « Maintenant, Hollande est isolé. Il est incapable de peser dans la situation syrienne », termine-t-il.