Présidentielle américaine: «Face à Clinton, Trump va se faire massacrer»
INTERVIEW•Olivier Richomme, maître de conférences à Lyon II, évoque le duel annoncé entre Donald Trump et Hillary Clinton...Propos recueillis par Nicolas Beunaiche
Fini de blaguer. Longtemps sujet de plaisanterie, la perspective de voir Donald Trump à la Maison Blanche a gagné en crédibilité la nuit dernière, à l’occasion du Super Tuesday. Désormais, le milliardaire en est à 10 victoires en 14 primaires chez les Républicains. Autant dire qu’il a pris une belle option sur la candidature républicaine. Avant la présidence ? 20 Minutes a demandé son avis de spécialiste à Olivier Richomme, maître de conférences en civilisation américaine à l’Université Lyon II.
aDonald Trump a-t-il déjà gagné les primaires républicaines ?
C’est très probable. Le scénario d’une convention ouverte qui verrait les délégués se détourner de Donald Trump pour choisir Marco Rubio est encore envisageable, mais je n’y crois pas trop. Le vote populaire est trop fort en faveur du premier pour provoquer une convention ouverte, ce qui n'arrive de toute façon que très rarement aux Etats-Unis. En juin, Trump devrait vraisemblablement obtenir une majorité et il sera alors le candidat républicain en novembre.
En face, il trouverait sans doute Hillary Clinton. Cela vous paraît-il équilibré ?
Vous pouvez l’écrire dès aujourd’hui : Hillary Clinton sera la nouvelle présidente des Etats-Unis. Cela va être un massacre. Pour les Républicains, le meilleur ticket aurait associé Rubio et Nikki Haley [la populaire gouverneure de Caroline du Sud]. Trump, c’est un suicide politique. Il est trop à droite, trop provocateur, trop extrême pour remporter une élection générale qui se gagne généralement au centre. Et puis ce n’est pas comme s’il avait un programme…
A quel type de campagne devrait-on alors assister ?
Avec Trump, on va de surprise en surprise, il est totalement imprévisible. Demain, il pourrait très bien annoncer qu’il a marché sur la Lune ou sur l’eau… Ce qu’on peut dire, c’est que Trump a le désavantage de ses atouts. Il n’est pas un homme politique, ce qui lui permet certes d’attirer des électeurs, mais au premier débat sur les dossiers internationaux, face à Clinton, il sera ridicule. Il n’aura pas non plus le soutien des cadres du Parti républicain. Alors on peut s’attendre à une campagne pitoyable sur le plan des idées comme de la stratégie. Il y aura des attaques personnelles qui viseront son adversaire, qui fonctionneront auprès des Américains qui voient déjà Clinton comme une girouette. Seulement, cette dernière a de l’expérience, un parti et une équipe ; elle est préparée à ça.