Primaire républicaine: Ted Cruz, l'homme qui a fait tomber Donald Trump
ETATS-UNIS•Le candidat ultraconservateur s'est appuyé sur le vote évangélique...Philippe Berry
Il y a un nouveau shérif en ville. Ou pas. La victoire de Ted Cruz, lundi dans l’Iowa, un Etat toujours favorable aux candidats de la droite religieuse, n’est pas foncièrement une surprise. Mais avec sa seconde position dans les sondages nationaux, le cowboy texan va désormais devoir prouver qu’il est capable de confirmer.
Ted Cruz, un candidat très intelligent…
Souvent, les portraits de Ted Cruz mentionnent d’abord sa foi. Lundi soir, son premier remerciement est d’ailleurs allé au « Seigneur ». En novembre dernier, il est même allé jusqu’à déclarer que « quiconque ne s’agenouille pas devant Dieu chaque jour n’est pas qualifié pour être président ». Mais le sénateur du Texas n’a pas toujours autant fait de prosélytisme. « En politique, vous devez éviter de constamment vous draper dans contre foi de manière ostentatoire », lançait-il en 2013.
De même, il axe sa campagne sur des positions ultra-conservatrices, sur l’immigration et le budget, notamment. Mais lorsqu’il était conseiller de George W. Bush en 2000, il se montrait beaucoup plus modéré.
Au final, sa principale qualité semble surtout être son intelligence et son sens du timing. Ce brillant juriste devient en 2003 le plus jeune avocat général du Texas, à seulement 32 ans. En 2012, il surfe sur la popularité du Tea Party et se présente comme un candidat anti-système et fait campagne contre les élites de la côte Est, un comble pour quelqu’un passé par Princeton et Harvard.
… détesté par tous les cadres du parti républicain
Avec son attitude de franc-tireur, Ted Cruz ne s’est pas fait que des amis. « Je n’aime pas ce type, il est opportuniste », s’est notamment emporté George W. Bush à un meeting pour soutenir son frère cadet. Au Sénat, Cruz s’est souvent retrouvé seul contre tous, prêt à faire exploser des accords péniblement négociés entre Obama et les républicains, notamment pour éviter de faire défaut sur la dette.
Il se murmure dans les cercles de Washington qu’entre deux maux, les cadres du parti républicain préféreraient encore Donald Trump, jugé plus raisonnable comme candidat. Lors des deux dernières semaines de la campagne, dans l’Iowa, le Sénateur Terry Branstad a même appelé à faire barrage à Cruz. Sans grand succès.
La nomination ne sera pas une « Cruzière »
Chez les républicains, l’Iowa est un mauvais baromètre pour prédire le vainqueur final. Depuis 1980, sur les six derniers caucus seuls Bob Dole en 1996 et George W. Bush en 2000 ont remporté la victoire dans cet Etat et la nomination. En 2008 et en 2012, Mike Huckabee et Rick Santorum ont gagné grâce au soutien évangélique mais cela ne suffit jamais pour aller au bout.
La semaine prochaine, le New Hampshire, plus modéré, sera un terrain difficile pour Cruz. Qui a déjà les yeux braqués sur la Caroline du Sud, où il espère encore contrarier Trump. S’il y parvient, il faudra prendre ses chances au sérieux.