Primaire républicaine: Les gagnants et les perdants du débat sans Donald Trump
ETATS-UNIS•Sept des huits candidats à la course à la présidence ont croisé le fer, jeudi soir, quatre jours avant le premier scrutin dans l'Iowa...Philippe Berry
«Parlons de l’éléphant qui n’est pas dans la salle. » Megyn Kelly, la modératrice du débat de Fox News, jeudi soir, a mis d’emblée les pieds dans le plat en ouvrant les échanges sur l’absence de Donald Trump, qui a boycotté cette confrontation des candidats à la primaire républicaine sur fond de désaccord – plus ou moins feint – avec la chaîne. Mais les sept autres candidats présents n’ont pas vraiment mordu à l’hameçon, profitant de l’absence du leader des sondages pour tenter de se refaire dans la course à l’investiture avant la présidentielle. Certains, avec plus de réussite que d’autres.
>> Ceux qui ont marqué des points
Jeb Bush. Il faut sauver le soldat Jeb. En perdition dans les sondages, à environ 5 %, l’ancien favori a montré que son pouls battait encore. En mode « #yolo », il s’est décoincé, plaisantant à plusieurs reprises et envoyant Rubio dans les cordes sur l’immigration. « J’ai changé d’avis sur la légalisation, toi aussi. C’est ça d’être un leader, il faut savoir forcer le consensus », a-t-il lancé avant de féliciter une entrepreneuse latino et de saluer le succès d’une jeune musulmane. Bref, alors qu’il n’a plus rien à perdre, Bush assume son statut de candidat modéré. Trop tard ?
Chris Christie. Christie est une force de la nature, qui a réussi à se faire élire en terre démocrate, dans le New Jersey. Fin débatteur, il joue très bien le populiste, notamment quand il envoie tout le monde au coin : « Mais vous vous écoutez ? Les spectateurs ont besoin d’un traducteur pour traduire cet anglais de Washington. » Il se montre également plutôt efficace quand il joue la carte de l’ancien procureur pour promettre de poursuivre Hillary Clinton. Son problème, c’est qu’il est très loin dans les sondages. Sans une bonne performance près de chez lui dans le New Hampshire, en février, ça sera mission impossible pour la suite.
Donald Trump. En boycottant le débat, il a réalisé un coup de maître médiatique. Il a quand même écrasé ses concurrents sur les recherches Google, a parfait son image de rebelle antisystème et a évité une gaffe en direct devant des millions de personnes à quelques jours d’un scrutin dont il est le favori. Et il peut répondre aux critiques avec un chiffre : il a récolé six millions de dollars pour les anciens combattants lors de son contre-événement.
>> Ceux qui ont perdu des points
Ted Cruz. En seconde position dans les sondages, le cow-boy texan est passé de la position du chasseur à celle du chassé. Attaqué par les six autres candidats, il ressort de l’arène avec quelques bleus et une image d’ultraconservateur endommagée par quelques revirements de position mis en évidence, notamment sur l’immigration et la surveillance de la NSA.
Marco Rubio. Il a beau finir chacune de ses interventions par « Quand je serai président », il sonne trop souvent comme un élève qui récite sa leçon par cœur sans forcément la comprendre, notamment sur la géopolitique en Syrie et le combat face à Daesh. En troisième position dans les sondages, il plafonne à 12 % et va devoir espérer que Bush abandonne vite pour récupérer des voix.
>> Ceux qui ne servent plus à rien
Ben Carson. Pendant une courte semaine, en novembre, l’ancien neurochirurgien a fait illusion en dépassant Donald Trump dans les sondages. Depuis, il a perdu deux tiers de ses soutiens et la moitié de son équipe de campagne. Inexistant jeudi soir, il mise tout sur une bonne performance surprise dans l’Iowa pour se relancer.
Rand Paul. Le libertarien débat plutôt bien avec le peu de temps qu’il a. Mais son cheval de bataille (la dette et les déficits) ne semble pas vraiment passionner les foules cette année, alors que la sécurité nationale et la politique étrangère sont au cœur des débats.
John Kasich. Le gouverneur modéré de l’Ohio passe son temps à se plaindre de son faible temps de parole. Un paradoxe en soi.