VIDEO. Arrestation d’«El Chapo»: Ce qu'a dit le baron de la drogue à Sean Penn
DROGUE•Le magazine américain «Rolling Stone» a publié l’interview du narcotrafiquant mexicain Joaquín « El Chapo » Guzmán, alors en cavale...B.D.
Une rencontre qui fait beaucoup parler. Le magazine américain Rolling Stone a publié ce week-end l’interview du narcotrafiquant mexicain Joaquín « El Chapo » Guzmán, alors en cavale, accordée à Sean Penn, par l’entremise de Kate del Castillo. Alors que la police mexicaine a souhaité entendre les deux acteurs, voici ce que les deux hommes se sont dit.
L’acteur commence par raconter les conditions dans lesquelles il est entré en contact avec « El Chapo », et le voyage de plusieurs heures en avion et en voiture qu’il a effectué avec Kate del Castillo début octobre pour aller rencontrer le narcotrafiquant au cœur de la « jungle montagneuse » où il se cache. Sean Penn et tout son aréopage d’intermédiaires ont passé sept heures dans une clairière en pleine jungle mexicaine, au milieu d’une centaine de narcotrafiquants armés jusqu’aux dents.
Siège
L’acteur a pu discuter avec Guzman -la traduction étant assurée par Kate del Castillo- de sa relation avec l’ancien président vénézuélien Hugo Chavez, a mentionné Donald Trump -El Chapo souriant et parlant ironiquement de son « ami »-, de Pablo Escobar, ou encore du « business » et des relations « commerciales » du baron de la drogue dans le monde entier. Après cette première discussion, les deux hommes avaient convenu de se revoir huit jours plus tard pour une interview plus formelle de deux jours, qui n’arrivera jamais : dès le 3 octobre, un siège a commencé dans la région, ponctué de raids aériens et de descente de police.
Pour pouvoir publier cette « première interview en-dehors d’une salle d’interrogatoire », les deux hommes décident alors que l’acteur enverra ses questions via l’application de messagerie instantanée BlackBerry Messenger (BBM), et que le trafiquant enregistrera ses réponses en vidéo. Ce sont finalement 17 minutes d’« interview » vidéo qui seront envoyées à l’acteur, qui souligne que certaines questions ont été posées directement, d’autres paraphrasées, d’autres adoucies ou même carrément zappées.
« La drogue fait des ravages »
El Chapo raconte d’abord son enfance à Badiraguato, dans l’Etat du Sinaola, au sein d’une « famille très modeste, très pauvre », où il a commencé dès 6 ans à travailler en vendant le pain que confectionnait sa mère, ou en s’occupant du bétail de sa grand-mère. Il explique ensuite que « dans ce bled, il n’y a pas de boulot. La seule façon de s’en sortir, pour survivre, c’est de cultiver du pavot, la marijuana alors j’ai commencé à en faire pousser, à la cultiver et à la vendre ».
Concédant que « la drogue fait des ravages », mais refusant de prendre sa part de responsabilité dans l’augmentation de la toxicomanie puisque « le jour où je ne serai plus là, cela ne changera rien », le trafiquant se justifie : « Malheureusement, là d’où je viens il n’y avait pas d’autre alternative pour survivre, pas de moyen de travailler, avec notre économie, pour gagner sa vie. »
Joaquín Guzmán juge ensuite que « le trafic de drogue fait partie de notre culture ancestrale. Et pas seulement au Mexique. Dans le monde entier », et que son « business », qu’il refuse de qualifier de cartel, « ne disparaitra pas avec le temps » du fait de la demande toujours en hausse. El Chapo se dit enfin « heureux d’être libre parce que la liberté c’est vraiment bien » et que celle-ci lui apporte « beaucoup de bonheur ». Il dit espérer vivre « avec [s] a famille chaque jour que Dieu [lui] donne » et ne pas mourir comme Pablo Ascobar, mais « de cause naturelle ». Capturé vendredi, El Chapo est désormais en attente de son extradition vers les Etats-Unis.