ELECTIONSEspagne: Un sévère avertissement aux partis traditionnels

Espagne: Les électeurs envoient un sévère avertissement aux partis traditionnels

ELECTIONSLes conservateurs, arrivés en tête des législatives de dimanche, ont perdu leur majorité absolue, et les socialistes, deuxièmes, sont talonnés par Podemos. Résultat: le pays sera difficile à gouverner...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Les Espagnols ont infligé un sévère avertissement aux formations traditionnelles. A l’issue des élections législatives qui se tenaient dimanche, ils ont laissé le parti conservateur sortant sans majorité et sans la certitude de pouvoir gouverner.

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Au final, le Parti populaire (PP) de Mariano Rajoy, a obtenu 123 sièges sur 350 à la chambre basse, soit 28,72 % des voix. Résultat, il a perdu sa majorité absolue, avec 63 sièges de moins par rapport à 2011 et son pire score depuis 1993. Le Parti socialiste (PSOE) est deuxième et n’a jamais recueilli un aussi mauvais résultat, avec 90 sièges et 22 % des voix.


Podemos, troisième force politique

Et le talonnant de très très près, émerge la formation de gauche radicale Podemos, Issu du mouvement des « Indignés » né en 2011 contre l’austérité et la corruption, et ses alliés (20,6 % des voix), disposant de 69 députés.

« Muchas gracias a los y las que habéis hecho de hoy un día histórico #20DicPodemos pic.twitter.com/0g2R5k3D9N — PODEMOS (@ahorapodemos) December 20, 2015 »

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Un autre parti nouveau, le libéral Ciudadanos, dirigé par l’avocat de 36 ans Albert Rivera, obtient 14 % des suffrages et 40 députés.

« Empieza una nueva etapa de ilusión en nuestra democracia. ¡Ahora a pensar en España y los españoles! #Ciudadanos40 pic.twitter.com/akq0aM4TaG — Albert Rivera (@Albert_Rivera) December 21, 2015 »

Ces deux partis ont émergé à la faveur d’une crise sans précédent, qui a secoué non seulement l’économie mais aussi les institutions, ternies par la corruption touchant l’ensemble de l’establishment : partis traditionnels, grandes entreprises, syndicats, et même une fille de l’ancien roi Juan Carlos. Ils ont tout deux exigé une régénération démocratique.

La droite savait que la bataille serait dure à emporter auprès d’une opinion publique traumatisée par sa cure d’austérité, d’autant que le chômage touche encore un actif sur cinq. Les électeurs l’avaient fait savoir lors des municipales du 24 mai, portant au pouvoir des plateformes citoyennes intégrées par Podemos, en particulier à Madrid et Barcelone.

Fin du bipartisme espagnol

« On assiste à la fin du bipartisme espagnol et à la naissance du quadripartisme. Le grand doute est de savoir s’il sera possible de former un gouvernement stable. En Espagne, depuis la fin du franquisme, on a toujours eu des gouvernements monocolores et très stables », explique au Figaro, Fernando Vallespin, professeur de sciences politiques à l’Université autonome de Madrid. Selon lui, « cette législature sera brève, parce qu’il n’y aura pas de majorité capable de stavbiliser la situiation. »

Une analyse reprise par la presse ibérique ce lundi.

« L’Espagne laisse son nouveau gouvernement en suspens », titre le quotidien conservateur ABC lundi. « Le PP l’emporte mais il aura beaucoup de mal à gouverner », estimait El Pais (centre-gauche), tandis que le journal catalan El Periodico faisait sa Une sous forme de petite annonce : « Cherchons un président pour l’Espagne ».

Bouleversements électoraux en Europe du sud

Le scénario de morcellement redouté par beaucoup s’est finalement produit. Les Espagnols ont voulu renouveler leur classe politique, mais ne sont pas allés assez loin pour changer radicalement la donne. Ils « exigent négociation et consensus » entre les partis en conclut El Pais dans un éditorial.

Le scrutin clôture une année de bouleversements électoraux en Europe du sud, avec la victoire de la gauche radicale d’Alexis Tsipras en Grèce en janvier, et au Portugal l’arrivée au pouvoir en octobre d’une coalition de partis de gauche, la grande crainte de Mariano Rajoy.

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