MONDEBurkina Faso: Quels sont les enjeux des scrutins présidentiel et législatif?

Burkina Faso: Quels sont les enjeux des scrutins présidentiel et législatif?

MONDETreize mois après la chute du président Blaise Compaoré, les Burkinabés sont appelés aux urnes ce dimanche...
Bérénice Dubuc

B.D.

Ce dimanche, quelque 5,5 millions d'électeurs burkinabés sont appelés à voter pour la première présidentielle et les premières législatives depuis la chute du régime de Blaise Compaoré il y a un an. 20 Minutes vous explique les enjeux de ces scrutins, dont les résultats provisoires devraient être annoncés lundi soir.



Pourquoi ces élections sont-elles importantes ?

«Pour la première fois depuis 50 ans, il y a une incertitude électorale, on ne connaît pas le vainqueur à l'avance», analyse Abdoulaye Soma, président de la Société burkinabè de droit constitutionnel. En effet, ce dimanche, les Burkinabés votent pour le premier scrutin présidentiel depuis 27 ans où Blaise Compaoré -chassé du pouvoir fin 2014- ne figure pas parmi les candidats. Ces élections doivent aussi permettre de tourner la page de la transition mise en place après sa chute.

Que s’est-il passé au Burkina en 2014 ?

La tentative annoncée de Blaise Compaoré de modifier la Constitution pour pouvoir briguer un nouveau mandat a été contrée par de nombreuses et violentes manifestations populaires. Les 30 et 31 octobre, l’insurrection atteint son paroxysme, et pousse Blaise Compaoré à la démission. Il se réfugie en Côte d'Ivoire, et l’intérim est assuré par le lieutenant-colonel Isaac Zida, qui s’engage à «remettre le pouvoir aux civils». Selon une enquête officielle, 24 personnes sont décédées au cours des manifestations. Le 21 novembre, le nouveau chef de l'Etat intérimaire, Michel Kafando, 73 ans, est officiellement investi. Il doit, dans un délai d’un an, mener la transition politique du pays.

Qui sont les candidats ?

Quatorze candidats, dont deux femmes, sont en lice pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Mais aucun membre de la transition politique -président et ministres- n'est autorisé à participer à cette élection. Sept des 14 candidats ont été plus ou moins des compagnons et des barons du régime déchu, dont les deux favoris, que les observateurs voient s'affronter au second tour, Roch Marc Christian Kaboré et Zéphirin Diabré.

Kaboré -qui a promis une victoire par « KO » dès le premier tour- a ainsi été Premier ministre et président de l'Assemblée nationale sous Compaoré, mais aussi patron du parti présidentiel, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), avant de tomber en disgrâce, et de le quitter 10 mois avant la chute du régime. Quant à Diabré, qui a travaillé dans le privé pendant de longues années, il a également été député du parti de Compaoré en 1992, plusieurs fois ministre, et doit une grande partie de sa carrière à l'ex-président.

Y a-t-il un risque sécuritaire ?

Ces élections étaient initialement prévues le 11 octobre, mais avaient du être reportées en raison d’un coup d'Etat manqué, mené le 17 septembre par un ancien bras droit de l'ex-président Compaoré, le général Gilbert Diendéré, arrêté depuis. Quelque 25.000 membres des forces de l'ordre ont été déployés pour sécuriser l'élection, le pays ayant été touché pour la première fois de son histoire par le djihadisme en 2015.

En ce qui concerne les suites du scrutin, Michel Kafando a appelé les candidats « au fair-play » et à aller « vers le Conseil constitutionnel » « sans violence » en cas de « problèmes ». Mais les jeunes de moins de 30 ans -les deux tiers de la population-, en pointe dans l'insurrection d'octobre 2014, restent «vigilants» pour éviter les tentatives de fraude et le bourrage d'urnes, et ne veulent pas se laisser «voler» leur lutte, affirmant être prêts à se remobiliser et « à reprendre la direction de la rue » à « toute velléité de voler les élections (...) ou tentative d'usurpation ».