Scanner les pyramides d'Egypte pour découvrir leurs derniers secrets
•La découverte d'"anomalies thermiques impressionnantes" sur ...© 2015 AFP
La découverte d'«anomalies thermiques impressionnantes» sur une façade de la pyramide de Khéops, en Egypte, par une mission scientifique font renaître l'espoir fou d'élucider les mystères de la dernière des Septièmes merveilles du monde antique encore debout.
Digne d'un film d'Indiana Jones, la bande-annonce du projet «Scan Pyramids» montre des caméras thermiques infrarouges colorant les pyramides de Gizeh du jaune au magenta puis des images des majestueuses constructions de pierre filmées par des drones. Elle promet des découvertes majeures grâce à l'union «exceptionnelle» des sciences exactes et de l'égyptologie.
Avec l'espoir de répondre à la question que tout le monde se pose depuis la plus tendre enfance: «le mystère des pyramides sera-t-il résolu ?».
Ce projet ambitieux lancé depuis fin octobre utilise des caméras à infrarouges, une méthode non invasive et non destructrice, pour cartographier sans la moindre égratignure le cœur des pyramides de Gizeh ces monuments funéraires vieux de plus de quatre millénaires.
Ces caméras ont également servi début novembre à sonder la tombe de Toutankhamon à Louxor pour confirmer la crédibilité de la théorie de l'archéologue britannique Nicholas Reeves, qui pense que la légendaire reine Néfertiti y est enterrée dans une chambre secrète.
En scannant les pyramides, les scientifiques espèrent détecter «la présence de couloirs et chambres inconnus», voire les traces de rampes permettant d'élucider l'énigme de leur construction.
-Début d'une longue aventure-
Pour le ministre égyptien des Antiquités Mahmoud Eldamaty, ce n'est que le début d'une longue aventure. «Nous devons faire encore plus de découvertes sur les pyramides», a-t-il déclaré plein d'enthousiasme lors d'une conférence lundi au pied de la pyramide Khéops, le plus grand monument de pierres jamais construit par l'Homme, il y a 4.500 ans.
A cette occasion, il a dévoilé les premiers résultats du projet «Scan Pyramids» lancé le 25 octobre sous la direction de son ministère. Une équipe de scientifiques égyptiens, français, canadiens et japonais ont observé déjà à ce stade des anomalies thermiques «impressionnantes» sur le flanc est de la pyramide de Khéops, près du sol, et d'autres moins flagrantes à mi-hauteur.
Quelques énormes blocs de pierres présentent des températures ayant jusqu'à 6 degrés Celsius d'écart avec des blocs immédiatement voisins.
Cela se traduit sur les images de la caméra thermique par l'apparition de couleurs chaudes rouge et jaune alors que le reste du monument funéraire se teinte de bleu au magenta, une signature thermique plus froide.
«Cette image est la plus importante de l'année 2015», s'enthousiasme le ministre des Antiquités en présentant la «Grande Pyramide» parée de toutes ces couleurs.
-Fabuleux trésor-
Ces écarts de températures qui signalent des cavités ou à tout le moins des courants d'air, ouvrent la voie à une multitude d'interprétations qui seront étudiées d'ici au terme du projet fin 2016.
Début novembre, la mission Scan Pyramids a testé ses caméras infrarouges dans le tombeau du pharaon Toutankhamon, et des différences de températures sur un mur ont confirmé l'hypothèse de Nicholas Reeves et de M. Eldamaty: l'existence d'une chambre secrète. Celle de Néfertiti soutient le premier, celle d'une autre reine affirme le second. Les analyses se poursuivent mais le ministre dit déjà s'attendre à la «découverte du XXIe siècle» pour l'égyptologie.
Néfertiti, reine à la beauté légendaire fut, il y a 3.300 ans, l'épouse principale d'Akhénaton, le père de Toutankhamon, seul pharaon dont la sépulture fut retrouvée intacte, en 1922, toutes les autres ayant été pillées au fil des millénaires.
Son tombeau renfermait 5.000 pièces dont une grande partie en or, l'un des plus fabuleux trésors jamais découvert, dont le célébrissime masque funéraire en or massif incrusté de pierres précieuses qui orne les manuels d'Histoire du monde entier.
L'Egypte antique renferme encore mille et une énigmes. De nombreux égyptologues s'accordent à dire que l’apparition de nouvelles technologies et l'association avec des spécialistes en sciences exactes pourrait amener à de nouvelles découvertes.
«Tous les ingénieurs ont rêvé des pyramides et le patrimoine égyptien est un formidable terrain d'innovation et d'imaginaire pour faire progresser différentes disciplines», estime Mehdi Tayoubi, fondateur de l'institut français Héritage, Innovation Préservation (HIP) qui pilote cette mission scientifique d'une ampleur «inédite».
Pour l'égyptologue Achraf Mohie, ce qui se cache derrière la paroi de la pyramide de Khéops importe peu à ce stade mais les anomalies thermiques relevées sont déjà une «découverte inédite».