La France veut des observateurs à Jérusalem et provoque la colère d'Israël
ISRAËL•Un projet de proposition de la France provoque des tensions entre Paris et Jérusalem…Coline Clavaud-Mégevand
Ce lundi, l’ambassadeur de France a été convoqué au ministère israélien des Affaires étrangères, dans un climat de forte tension entre les deux nations. En cause : un projet de proposition de la France, qui souhaite demander au Conseil de sécurité des Nations unies une présence internationale à Jérusalem – plus précisément sur l’esplanade des Mosquées. Pour Israël et son ministère israélien des Affaires étrangères, ce projet de proposition s’apparente à de l’ingérence et « récompense le terrorisme que les Palestiniens ont initié ».
Un lieu hautement symbolique
La proposition française d’une présence internationale sur le sol israélien n’est pourtant pas une première. Jean-François Daguzan, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique et spécialiste du Moyen-Orient, rappelle des précédents depuis la création de l’état d’Israël : « Il a été proposé à plusieurs reprises, par exemple en 1945 et en 1948, que Jérusalem soit déclarée zone internationale, afin que personne n’ait la souveraineté sur les lieux saints » – notamment ceux situés sur l’esplanade des mosquées.
Ce lieu sacré pour les communautés juives et musulmanes est officiellement régi par un statu quo : toute personne est libre de s’y rendre, mais seuls les musulmans peuvent y prier. Un équilibre désormais perturbé : « Depuis quatre ou cinq ans, des groupes extrémistes Juifs réclament des autorisations pour prier à certains endroits de l’esplanade. Cela crée de fortes tensions, dans un contexte où les Palestiniens estiment que les Israéliens en demandent toujours plus », explique Denis Charbit, politologue Israélien et auteur d’Israël et ses paradoxes aux éditions du Cavalier Bleu.
Les affrontements entre Israéliens et Palestiniens, qui ont repris depuis le 1er octobre, ont achevé de mettre le feu aux poudres, faisant de l’esplanade un théâtre de violences.
Un contexte diplomatique tendu
Face aux remous suscités, le projet de déclaration française Conseil de sécurité de l’ONU sera-t-il maintenu ? Possible, selon Jean-François Daguza. « Mais nous sommes dans contexte de tension diplomatique tel entre Israël et la France, et Israël est aujourd’hui sur une ligne si dure, avec notamment la création d’un mur à Jérusalem-Est, que cette déclaration n’aura pas d’effet direct sur sa politique ». Elle pourrait par contre obliger d’autres pays membre de l’ONU à se positionner, dans une situation où la question israélo-palestinienne reste reléguée au second rang des préoccupations diplomatiques.
Pour Denis Charbit, il se pourrait aussi que les actes de terrorisme commis sur le territoire israélien, « qui ne sont pas organisés », se tarissent d’eux-mêmes. D’ici là, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a demandé à ses ministres et aux députés de ne plus se rendre sur l’explosive esplanade des mosquées. Le projet de déclaration français, quant à lui, devrait être examiné le 22 octobre prochain.