Kosovo: gaz lacrymogène au Parlement pour dénoncer l'accord avec la Serbie

Kosovo: gaz lacrymogène au Parlement pour dénoncer l'accord avec la Serbie

Des députés de l'opposition kosovare opposés à toute normalisation des relations avec la Serbie, ont lancé des gaz lacrymogènes jeudi au Parlement pour la deuxième fois en une semaine afin d'empêcher l'ouverture d'une réunion.
© 2015 AFP

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Des députés de l'opposition kosovare opposés à toute normalisation des relations avec la Serbie, ont lancé des gaz lacrymogènes jeudi au Parlement pour la deuxième fois en une semaine afin d'empêcher l'ouverture d'une réunion.



L'opposition a une nouvelle fois affirmé qu'elle empêcherait le fonctionnement du Parlement jusqu'à l'abandon de l'accord conclu en 2013 visant à la normalisation des relations entre la Serbie et le Kosovo, ancien territoire serbe majoritairement peuplé d'Albanais qui a proclamé unilatéralement son indépendance en 2008.

Avant le début de la réunion, les députés se sont massés devant le perchoir et ont activé au moins deux petites boîtes d'où du gaz lacrymogène s'est répandu.

Le président du Parlement Kadri Veseli a immédiatement appelé les élus à quitter la salle.

Réunis devant le Parlement, une centaine de sympathisants du mouvement Vetëvendosje (Autodétermination), principale formation de l'opposition, ont applaudi quand les députés ont quitté les lieux.

«Du gaz lacrymogène a été introduit au Parlement et nous en avons suffisamment pour bloquer autant de sessions qu'il faudra», a déclaré aux journalistes Glauk Konjufca, son vice-président.

Qualifiant cet incident d'«anarchique» et d'«irresponsable», le gouvernement a appelé l'opposition à «renoncer à la violence et aux attaques contre les institutions» du pays.

Vetëvendosje affirme que le dialogue avec Belgrade ne peut que compromettre l'indépendance proclamée en 2008.

La Serbie, qui n'a pas reconnu l'indépendance du Kosovo, le considère toujours comme l'une de ses provinces.

L'opposition exige également l'abandon d'un accord conclu en août avec le Monténégro voisin sur la démarcation de la frontière, qu'elle juge défavorable au Kosovo.

«Notre mouvement ne s'arrêtera pas, nous ne permettrons pas la mise en œuvre de l'accord avec la Serbie, ni de faire don au Monténégro de terres appartenant au Kosovo», a affirmé l'opposition dans une déclaration signée par les trois formations représentées au Parlement.

Le chef de Vetëvendosje, le député Albin Kurti, avait déjà répandu du gaz lacrymogène à l'Assemblée il y a une semaine. Lundi, des dizaines de ses partisans ont protesté à coups de pierre contre son interrogatoire par la police.

Jeudi, le parquet a annoncé qu'une enquête avait été ouverte suite à cet incident - vivement condamné par Washington et Londres -, contre deux députés, dont M. Kurti, suspectés d'avoir violé le code pénal en «mettant en danger» les autres députés.

Le 22 septembre, des députés de l'opposition avait lancé des œufs sur le Premier ministre Isa Mustafa, l'empêchant de prononcer un discours sur le bien fondé du dialogue avec la Serbie.

En 2013, Pristina et Belgrade ont signé un accord de normalisation, ce qui avait ouvert la voie, un an plus tard, à la décision d'entamer les pourparlers pour l'entrée de la Serbie dans l'UE.

Malgré les progrès, la Serbie et le Kosovo entretiennent des relations difficiles depuis le conflit armé qui a opposé les forces de Belgrade à une guérilla indépendantiste au Kosovo en 1998-99, poussant l'Otan à intervenir au printemps 1999.

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