VIOLENCESVIDEO. Burkina Faso: Que sait-on du coup d'Etat militaire qui ensanglante le pays?

VIDEO. Burkina Faso: Que sait-on du coup d'Etat militaire qui ensanglante le pays?

VIOLENCESMercredi, des soldats ont pris en otage des membres du gouvernement provisoire et dissous les divers organes chargés d'organiser la transition...
Oihana Gabriel

O.G.

Un an seulement après la chute de l’ancien président Blaise Compoaré, le Burkina Faso fait face à un coup d’Etat militaire depuis mercredi soir. 20 Minutes fait le point sur la situation.

Que s’est-il passé exactement mercredi et jeudi ?

Les soldats du Régiment de sécurité présidentielle ont fait irruption mercredi en plein Conseil des ministres, prenant en otages le président intérimaire Michel Kafando, le Premier ministre et de nombreux membres du gouvernement, qu’ils retenaient toujours ce jeudi soir.

Jeudi matin, un de leurs représentants a annoncé à la télévision nationale qu’un « Conseil national pour la Démocratie » (CND) a mis « fin au régime déviant de la transition (…) Le président de la Transition (Michel Kafando) est démis de ses fonctions. Le gouvernement de transition » et « le Conseil national de la Transition », l’assemblée intérimaire, sont « dissous ». Dans la foulée, le CND a annoncé qu’il portait à sa tête le général de brigade Gilbert Diendéré.



Qui est le chef des putschistes ?

Un an après la chute du président Blaise Compaoré, c’est un proche de ce dernier qui a pris les commandes du pays. En effet, le général Gilbert Diendéré, à la tête des putschistes, est un homme de l’ombre, agissant depuis trois décennies dans les coulisses du pouvoir. Evincé des affaires après la chute de son mentor Blaise Compaoré, il a été écarté du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) qu’il dirigeait. Aujourd’hui, il semble tenir sa vengeance puisque c’est justement cette unité d’élite de l’armée qui a monté un coup d’Etat.

Quelles conséquences de ces violences ?

Jeudi matin, des tirs de sommation sporadiques résonnaient dans la capitale Ouagadougou, quadrillée par des soldats du RSP. Si le bilan humain risque de grimper dans les prochains jours, l’AFP recense déjà un mort et 60 blessés par balles au principal hôpital de Ouagadougou depuis le début du coup d’Etat militaire. Par ailleurs, les putschistes ont décrété un couvre-feu nocturne de 19h à 6h et ordonné la fermeture des frontières terrestres et aériennes jusqu’à nouvel ordre. Par ailleurs, les Burkinabés ont réagi pour contrer ce coup d’Etat : dans plusieurs villes du pays, les Burkinabés ont dressé des barricades et fermé les commerces. Sur les réseaux sociaux, le mouvement « Balai citoyen », qui avait été en pointe dans la contestation contre l’ex-président Compaoré, appelait lui aussi à la mobilisation.

« Voilà le #CollectifBalaiCitoyen hélas relégué au rang de #Spectateurs dans un combat entre [#RSP_Boys] et [#Transition_Boys] #Lwili #Burkina — CiBal_Officiel (@Le_BalaiCitoyen) September 16, 2015 »

La presse bâillonnée

Autre conséquence du coup d’Etat : les médias ferment un à un. Reporters sans frontière a alerté via un communiqué sur la répression dont sont victimes les journalistes burkinabés. L’ONG assure qu’« à la Radio Oméga, les militaires du RSP ont intimé l’ordre au rédacteur en chef de cesser la diffusion en direct s’il ne voulait pas voir la radio brûler. Au moins deux télévisions privées ont été fermées de force. » Par ailleurs, plusieurs journalistes en reportage ont fait l’objet de violences de la part du RSP.

Pourquoi ce coup d’Etat ?

Ce coup d’Etat militaire intervient à moins d’un mois d’élections présidentielle et législatives dont le premier tour était prévu le 11 octobre et qui devaient clore la transition ouverte après la chute de Blaise Compaoré. Les putschistes ont justifié leur coup de force en dénonçant notamment la loi qui interdit aux partisans de l’ancien président Compaoré de se présenter à l’élection présidentielle du 11 octobre. De nombreux Burkinabés se demandaient, sur les réseaux sociaux, si Blaise Compaoré, actuellement exilé en Côte d’Ivoire voisine, n’était pas à la manœuvre. Mais Gilbert Diendéré a déclaré sur France 24 n’avoir eu « aucun contact avec Compaoré ». Et il assure que l’ex-président n’a joué aucun rôle dans ce coup d’État. Le chef des putschistes affirme également à la chaîne avoir « le soutien de l’armée ».

Quelle est la réaction de la France ?

Le Président François Hollande a « fermement » condamné jeudi le coup d’Etat au Burkina Faso, affirmant qu'« il ne peut pas y avoir de légalité avec des putschistes ». « J’appelle ces groupes à cesser immédiatement leur action », a déclaré le Président français. Le contingent français sur place « n’a pas à interférer », a-t-il ajouté en réponse à une question. Toutes les mesures sont prises pour s’assurer de la sécurité des ressortissants français dans le pays, a-t-on précisé dans l’entourage du chef de l’Etat. Le ministère des Affaires étrangères a appelé les Français résidant dans la capitale du Burkina Faso à « rester confinés à leur domicile ».