Airbus commence à produire des avions aux Etats-Unis
INDUSTRIE•L'avionneur européen souhaite vendre davantage d'appareils aux compagnies américaines qui sont en train de renouveler leurs flottes...20 Minutes avec AFP
«Un jour qui change la donne dans le secteur aéronautique ». Fabrice Brégier, le patron d’Airbus, est aux anges. Son groupe inaugure en grande pompe ce lundi à Mobile (Alabama, sud) la production de ses premiers avions « Made in USA » dans l’espoir d’y accroître sa part de marché et réduire ses coûts.
La cérémonie, qui se déroule trois ans après le lancement du projet, est prévue vers 17h heure française en présence des élus et acteurs économiques de cette ancienne capitale de la Louisiane française. « Avoir une ligne d’assemblage aux Etats-Unis va accroître notre visibilité », assure Fabrice Brégier.
Située sur l’ancienne base militaire de Brookley où étaient construits des avions de la Seconde Guerre mondiale et à proximité des restes des Chantiers navals, l’usine américaine d’Airbus est un complexe de 47 hectares dont la moitié est bâtie. Le constructeur dispose d’une réserve foncière de 47 hectares supplémentaires s’il souhaite se développer.
158 millions de dollars de subventions publiques
L’usine de Mobile va assembler des appareils de la famille du monocouloir A320 (A319, A320 et A321), son best-seller lancé en 1988. A partir de 2017, ce sera au tour de l’A320 Neo, la version remotorisée et plus économe en carburant.
Airbus espère y produire quatre avions par mois à partir de 2018, soit 40 à 50 par an. Mais l’avionneur souligne qu’il a les capacités d’en assembler huit par mois. L’assemblage d’un avion représente un peu moins de 10 % du prix, selon Fabrice Brégier.
Le site, dont les travaux ont coûté 600 millions de dollars, emploie actuellement 260 personnes. Au pic de la production, il en comptera un millier, promet Airbus, qui a bénéficié de 158 millions de dollars de subventions publiques sous la forme d’abattements fiscaux et d’aides directes.
La majorité des salariés a suivi des stages dans des usines européennes d’Airbus. En s’implantant à Mobile, Airbus, qui estime à quelque 5.000 la demande pour de nouveaux avions en Amérique du nord dans les 20 prochaines années, espère jouir d’un argument commercial de poids auprès des compagnies américaines qui sont en train de renouveler leurs flottes.
Il y a trois ans, sa part de marché aux Etats-Unis était de 20 %, contre 80 % pour Boeing. Depuis l’annonce de Mobile, elle est passée à 40 %.
L’Alabama a l’un des salaires minimum les plus bas des Etats-Unis
En produisant en zone dollar, monnaie dans laquelle sont vendus les avions, Airbus va moins dépendre des variations de la parité euro/dollar. En outre, « Mobile fait pression sur les syndicats en Europe parce que le coût de la main d’œuvre est moins cher en Alabama », explique Richard Aboulafia, chez Teal Group Corporation.
Ancien Etat ségrégationniste, l’Alabama a l’un des salaires minimum les plus bas des Etats-Unis - 7,25 dollars de l’heure - et les grèves y sont rares. Les charges salariales sont 30 % moins élevées qu’en Europe.
Airbus assure qu’il n’y aura pas de délocalisation des emplois vers les Etats-Unis. « Un emploi à Mobile en crée quatre en Europe » car les pièces des avions restent fabriquées sur le Vieux Continent, affirme Fabrice Brégier.