Attentat en Thaïlande: Qui pourrait se cacher derrière l’attentat de Bangkok?
MONDE•Le chercheur David Camroux dresse pour « 20 Minutes » les différentes hypothèses qui pourraient expliquer l’attentat qui a frappé la capitale thaïlandaise, ce mardi…Vincent Vanthighem
L’explosion d’une bombe a fait au moins 19 morts et au moins 120 blessés, ce mardi, dans un temple fréquenté par des fidèles bouddhistes à Bangkok (Thaïlande). Si le ministère de la Défense a rapidement communiqué pour indiquer que « ce sont des personnes étrangères qui étaient visées dans le but de porter atteinte au tourisme et à l’économie », la situation est toujours très floue et tendue dans la capitale du sud-est asiatique.
Depuis le coup d’état militaire du 22 mai 2014, la Thaïlande vivait dans un calme tout relatif. « La répression a fait taire les gens mais la contestation est toujours là », analyse ainsi David Camroux, chercheur à Sciences Po Paris qui revient justement d’un voyage sur place. Pour 20 Minutes, ce spécialiste a dressé la liste des hypothèses qui pourraient expliquer cet attentat.
- Hypothèse numéro 1 : Les chemises rouges
Soutiens de Thaksin Shinawatra - l’ancien Premier ministre qui a dû s’exiler en 2006 -, ceux que les médias ont surnommés les « chemises rouges » réclament toujours la dissolution du parlement thaïlandais et l’organisation de nouvelles élections. Regroupées au sein du Front national uni pour la démocratie et contre la dictature (UDD), les « chemises rouges » ne semblent pas avoir les moyens d’orchestrer un tel attentat.
>> Analyse : Pourquoi la Thaïlande est dans l’impasse depuis 2006 ?
« A moins qu’ils n’aient reçu le soutien d’anciens militaires qui en ont assez du système, analyse David Camroux. Des militaires "verts" à l’extérieur et "rouges" à l’intérieur. » Le lieu de l’explosion n’est en effet pas anodin pour ce groupe de pression politique. Le temple bouddhiste d’Erawan où la bombe a explosé est en effet le lieu où les « chemises rouges » ont été réprimées dans le sang en 2006. « C’est devenu un symbole pour eux », poursuit David Camroux.
« Au moins dix morts dans l’explosion d’une bombe en plein centre de Bangkok (police) #AFP pic.twitter.com/cTwFxUDnmS — Agence France-Presse (@afpfr) August 17, 2015 »
- Hypothèse numéro 2 : Les mouvements séparatistes du sud
Méconnu, le conflit dans le sud de la Thaïlande a fait plus de 6.000 victimes en un peu plus d’un siècle. Il met aux prises le pouvoir avec plusieurs mouvements séparatistes majoritairement malais et musulmans. « C’est un mouvement extrêmement nébuleux. On ne connaît même pas le nom de leurs dirigeants », indique David Camroux.
Ayant reçu le soutien d’experts en armement en 2004, ce groupuscule commet pourtant régulièrement des attaques dans le sud du pays. « Pour autant, ils n’ont jamais frappé la capitale, poursuit le chercheur. Ce serait la première fois. Et cela marquerait un vrai tournant. »
- Hypothèse numéro 3 : Un groupe extérieur au pays
C’est ce que pourraient laisser entendre les premières déclarations du ministère de la Défense qui a précisé que l’attentat visait « des étrangers afin de porter atteinte au tourisme ». Difficile de croire à cette option tant l’instabilité intérieure règne dans le pays qui ne fait, par ailleurs, pas beaucoup de vagues en raison de sa politique extérieure.
« Si le site de l’attentat est extrêmement symbolique, ce n’est pas une ambassade étrangère par exemple, nuance ainsi le chercheur. » Il faut toutefois noter que la Thaïlande a pris position, comme tous les Etats membres de l’Association des nations de l’Asie du sud est (ASEAN), contre Daesh en mars. Mais le groupe terroriste n’a jamais commis d’attentat dans cette région du monde.