Accusation de viols en Centrafrique: Le chef de la mission de l'ONU poussé à la démission
MONDE•Ban Ki-moon est très en colère...20 Minutes avec AFP
Sous pression, le chef de la mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca) a démissionné, après une série d'accusations d'abus sexuels contre des enfants commis par des Casques bleus.
Le diplomate sénégalais Babacar Gaye, 64 ans, «a remis sa démission à ma demande», a déclaré le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon à des journalistes à New York.
«Il m'est impossible de mettre en mot la colère, le tourment et la honte que je ressens après ces accusations récurrentes au fil des années d'exploitation sexuelle et d'abus commis par des forces onusiennes», a-t-il assuré.
Enquête ouverte
«Je ne tolérerai aucun agissement de ceux qui remplacent la confiance par la peur (...) assez, c'est assez», a martelé le secrétaire général. Babacar Gaye a lui-même corroboré ces propos, affirmant à la chaîne France 24 que son départ représentait «la réponse à une attitude qui est tout simplement inacceptable de la part de soldats venus défendre un peuple et le protéger».
Cette annonce intervient au lendemain de l'ouverture d'une enquête sur des accusations de viol contre une fillette et de l'homicide d'un adolescent de 16 ans et de son père qui auraient été commis par des Casques bleus au cours d'une opération armée à Bangui début août.
Au moins cinq personnes, dont un Casque bleu, avaient été tuées et des dizaines blessées pendant cette opération, qui s'est déroulée les 2 et 3 août et visait à arrêter un ancien chef de l'ex-rébellion Séléka dans l'enclave musulmane du PK5 à Bangui.
La France aussi...
La Séléka, à dominante musulmane, avait pris le pouvoir à Bangui en mars 2013, avant d'en être chassée l'année suivante, mais elle y a gardé des sympathisants, notamment dans le quartier du PK5. Cette enquête fait suite à plusieurs cas similaires mettant en cause des Casques bleus marocain et burundais.
Dans une affaire séparée, la France enquête sur des allégations d'abus sexuels commis sur des enfants en Centrafrique entre décembre 2013 et juin 2014. Ces accusations visent notamment 14 soldats français qui faisaient partie de l'opération Sangaris menée par la France et n'étaient pas sous le commandement de l'ONU.
Toutefois, l'ONU a aussi nommé une commission indépendante pour enquêter sur ce cas et plus précisément sur la façon dont les Nations unies ont géré l'affaire, après des critiques pointant du doigt la lenteur de sa réaction sur le dossier.