EDUCATIONVIDEO. Kentucky: L'adjoint du shérif menotte un enfant de 8 ans hyperactif

VIDEO. Kentucky: L'adjoint du shérif menotte un enfant de 8 ans hyperactif

EDUCATIONL'Union américaine pour les libertés civiles a anoncé qu'elle avait déposé plainte au niveau fédéral au nom des deux enfants pour violation de la loi en faveur des Américains handicapés...
Bérénice Dubuc

B.D.

La vidéo date de 2014, mais elle suscite tout de même une intense polémique aux Etats-Unis. On y voit Kevin Sumner, le shérif adjoint du comté de Kenton, dans le Kentucky, s’adresser à un petit garçon, menotté, les bras derrière le dos, et assis sur une chaise d’une classe de l’école primaire Latonia, à Covington, près de Cincinnati.

L’enfant, simplement identifié par les initiales S.R., n’a que 8 ans, mesure 1,06 m et pèse 23,6 kg. Ses bras sont si frêles qu’il est menotté par les biceps. Dans la vidéo diffusée par l’Union américaine pour les libertés civiles (en anglais American Civil Liberties Union, Aclu) sur son site, le policier s’adresse au petit garçon, qui souffre de trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH).



« Tu ne tentes pas de me frapper comme ça. Tu fais ce qu’on te demande de faire ou tu en payes le prix. » L’enfant, en larmes, lui répond que « ça fait mal ». Le policier lui explique ensuite que, s’il veut qu’il lui retire les menottes, il doit « bien se comporter ». « Aussi longtemps que tu te conduiras mal, je ne les retirerai pas », ajoute-t-il.

Selon l’Aclu, qui cite l’école, le petit garçon a été menotté pendant 15 minutes. Il avait été renvoyé de sa classe en août 2014 car il n’écoutait pas son enseignant, puis avait tenté de quitter le bureau du principal, indique le Lexington Herald-Leader. Après l’arrivée de Kevin Sumner, l’enfant avait tenté de le frapper avec son coude et avait ensuite été menotté, selon un rapport du bureau du shérif.

Une fillette également menottée

Une fillette de 9 ans -souffrant elle aussi de TDAH et identifiée par les initiales L.G.- a subi le même traitement à deux reprises, précise l’Aclu sur son site. Elle a aussi été renvoyée en août 2014 de sa classe, qu’elle perturbait. Kevin Sumner a été appelé à la rescousse par l’équipe éducative lorsqu’elle a tenté de quitter la pièce où elle était consignée.

Un rapport du bureau du shérif indique qu’elle a été menottée car elle « tentait de blesser le personnel de l’école », indique encore le Lexington Herald-Leader, qui précise que l’enfant a ensuite eu une « crise sévère » et a été emmenée à l’hôpital en ambulance pour subir une évaluation psychiatrique et recevoir et un traitement adéquat.

Plainte

L’Aclu a annoncé qu’elle avait déposé plainte au niveau fédéral au nom des deux enfants pour violation de la loi en faveur des Américains handicapés (Americans with Disabilities Act). Cette plainte demande à un juge d’interdire à l’école d’utiliser de telles méthodes, et réclame des dommages et intérêts pour la détresse émotionnelle causée.

L’avocat de Kevin Sumner, Robert Sanders, a expliqué au Lexington Herald-Leader que son client avait utilisé cette méthode parce que les enfants « se mettaient et mettaient d’autres personnes en danger, et c’est ce que son manuel dit de faire ». Il a ajouté que son client, un ancien enseignant devenu policier, était « l’un des agents de liaison [du bureau du shérif avec les écoles] les mieux entraînés du Kentucky ». « Il est entièrement dévoué aux enfants, aux écoles et à l’éducation. »