Les rebelles talibans afghans ont confirmé ce jeudi la mort « de maladie » de leur chef, le mollah Omar, annoncée la veille par le gouvernement afghan, et ont désigné son second, le mollah Akhtar Mansour, pour lui succéder.

« La direction de l’émirat islamique [nom que se donnent les talibans] et la famille du mollah Omar annoncent le décès de maladie du fondateur et chef » des talibans, précisent les insurgés islamistes dans un communiqué reçu par l’AFP. Le texte ne précise pas quand il est mort, mais indique que « sa santé s’est détériorée ces deux dernières semaines », suggérant que son décès est bien plus récent qu’avril 2013, date avancée par les autorités afghanes.

Trois jours de cérémonies religieuses

En outre, le mollah Omar, qui n’a plus été vu en public depuis 2001 et la chute du régime des talibans, « est resté dans le pays (l’Afghanistan) ces 14 dernières années ». « Il n’a pas passé une seule journée au Pakistan ou dans un quelconque autre pays », selon ce texte, à rebours de certaines sources qui assuraient qu’il avait trouvé refuge au Pakistan et qu’il serait mort dans un hôpital de Karachi. Et les insurgés de décréter trois jours de cérémonies religieuses « pour prier pour l’âme du mollah Omar ».

Le texte, écrit en pachtoune, la langue parlée dans le sud et l’est de l’Afghanistan et dans le nord-ouest pakistanais, ne précise pas qui a été désigné pour lui succéder, note l’AFP. Cependant, selon différentes sources, les talibans auraient désigné le mollah Akhtar Mansour pour lui succéder. Le chercheur et consultant sur les questions islamistes, Romain Caillet, l’annonçait en début d’après-midi sur son compte Twitter.

« #Alerte #Afghanistan : les #Talibans viennent d’élire le Mollah Akhtar Mansour comme successeur du Mollah Omar, reconnaissant ainsi son décès — Romain Caillet (@RomainCaillet) July 30, 2015 »

La BBC a confirmé cette information, citant des sources proches de la direction des insurgés islamistes. Elle ajoute que le groupe a nommé Seraj Haqqani, chef militaire taliban qui dirige le « réseau Haqqani », comme second. Le mollah Akhtar Mansour devrait porter le titre d'« émir suprême », et pas celui d'« émir des croyants », que portait le mollah Omar.

Selon les sources de la BBC, sa nomination n’a pas été unanime, suscitant plusieurs jours de débats intenses, et l’opposition de plusieurs commandants et figures du mouvement, notamment son commandant militaire en chef, le mollah Qaum Zakir, le chef du bureau politique des talibans au Qatar, Tayeb Agha, ou encore le mollah Habibullah, membre de la choura de Quetta -gouvernement en exil des talibans afghans dans la province du Balouchistan au Pakistan.

Ils auraient préféré que le fils du mollah Omar, Yaqoub, lui succède, et accusent les cercles pro-pakistanais d’imposer le mollah Mansour aux rebelles. Cependant, si le mollah Yaqoub, 26 ans, est un autre candidat pressenti, il est jugé encore trop jeune et inexpérimenté pour succéder à son père selon d'autres commandants.

Selon différentes sources au sein de la rébellion afghane citées par l'AFP, le mollah Mansour fait figure de favori, mais aucun choix définitif n'a encore été validé. «Le mollah Mohammad Akhtar Mansour dirige de facto les talibans depuis 2013... Il est considéré comme proche du Pakistan et en faveur des pourparlers de paix» avec le gouvernement afghan, a déclaré un cadre intermédiaire des talibans sous couvert de l'anonymat.

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La nomination, polémique, du mollah Mansour risque de diviser un peu plus le mouvement, traversé par différents courants et que de nombreux commandants ont quitté ces derniers mois pour faire allégeance à l’organisation Etat Islamique (EI), qui cherche à étendre à l’Afghanistan son califat proclamé sur des pans entiers des territoires de la Syrie et de l’Irak.