Alors que Barack Obama se rend pour la première fois depuis son investiture au Kenya, terre de ses ancêtres [sa grand-mère y vit toujours [, CNN n’a pas hésité à diffuser en boucle un bandeau d’information selon lequel le président américain va se rendre dans un « foyer de terreur ». Une formulation qui fait polémique, et que les dirigeants kényans ne semblent guère apprécier…

Le Kenya, un « Foyer de terreur » ?

CNN se réfère sans doute ici aux troubles civils qu’avait pu connaître le pays ces dernières années, violences liées à des actes terroristes, notamment la tuerie de Garissa (où 147 personnes dont une majorité d’étudiants avaient perdu la vie) ou encore les attentats de Nairobi (qui avaient fait 67 victimes). Toutefois, le pays n’est pas, comme d’autres pays africains, l’une des cibles privilégiées des terroristes.

La réponse des internautes

Les internautes kényans ont profité de la polémique pour rappeler que leur pays est bien loin de l’image qu’a l’air de s’en faire CNN, postant par exemple sur Twitter, sous le hashtag #SomeoneTellCNN, de nombreuses images ironiques, afin de prouver à la chaîne d’information américaine à quel point elle est mal renseignée. Le hashtag a été repris plus de 152.000 fois, selon le site Topsy.

« #SomeoneTellCNN TellCNN pic.twitter.com/q2c2LRfcaV — Landcruiser (@MutuaLawrence) July 24, 2015 »

« #SomeoneTellCNN that Hong Kong isn’t in South America. pic.twitter.com/XgrbYDHicc — Rudolf E. Havenstein (@RudyHavenstein) July 24, 2015 »

La réponse des dirigeants kenyans

Les autorités kenyanes ont également réagi : « La terreur ne fait pas de discrimination, elle attaque tout le monde et partout », a rappelé la ministre des Affaires étrangères kenyane Amina Mohamed, citant les récentes attaques terroristes qu’avaient subies la Turquie, la Tunisie ou le Nigéria.

Toutefois, elle reconnaît que les attaques terroristes des Shebab, qui se multiplient sur le territoire kényan depuis quelques mois, entraînent un besoin de sécurité plus important qu’auparavant. La visite d’Obama à Kogelo, le village où est enterré son père, a ainsi dû être annulée.

Une sécurité renforcée pour Obama

Pour Richard Tutah, expert en sécurité basé à Nairobi, un « attentat ou une tentative d’assassinat sur le président américain pourrait permettre aux Shebabs de se retrouver sur le devant de la scène médiatique ». La sécurité a donc été drastiquement renforcée aux alentours de Nairobi. 10.000 policiers kényans, un quart des effectifs du pays, seront ce jour-là déployés dans la capitale. L’espace aérien demeurera fermé 50 minutes avant son arrivée et 40 minutes après son départ. Plusieurs centaines d'agents du Secret Service, l'agence chargée de la sécurité du chef d'Etat américain, sont arrivés au Kenya ces dernières semaines. «Le niveau de sécurité est suffocant», a résumé Abdullahi Halakhe, analyste spécialiste des questions sécuritaires dans la région.