RECITGrèce: Une dernière nuit d'insouciance et de fête avant le référendum

Grèce: Une dernière nuit d'insouciance et de fête avant le référendum

RECITUne centaine de jeunes a profité de cette dernière nuit avant le référendum au son de l'électro au pied d'une banque du centre d'Athènes...
De notre envoyée spéciale à Athènes (Grèce), Laure Cometti

De notre envoyée spéciale à Athènes (Grèce), Laure Cometti

Sous le gigantesque néon Alpha Bank, une centaine de jeunes dansent au rythme d’une électro pointue. Il est trois heures du matin passé à Athènes. Les bureaux de vote ouvriront dans moins de quatre heures, dimanche matin, mais pour l’heure la jeunesse d’Athènes tente de faire la fête comme d’habitude, ou presque, dans l’arrière-cour d’un immeuble aussi imposant physiquement que symboliquement, en ces temps de contrôle des capitaux, puisqu’il s’agit des bureaux d’une des banques les plus importantes du pays.

«Ce pourrait être la dernière [soirée], qui sait ?», avaient prévenu les organisateurs de l'événement, propriétaires du bar Some Bizarre. Une excellente raison pour profiter d'une dernière nuit d’insouciance avant un référendum qui peut faire basculer l’avenir économique et politique de la Grèce, et qui sera également un test pour le fonctionnement de l’Union européenne. Les jeunes noctambules le savent, dès demain, leur vie pourrait changer. En attendant, ils comptent profiter de chaque minute et de chaque note de musique et «s'échapper de la télé» où le sujet est omniprésent.

La nuit s’étire dans une atmosphère quelque peu surréaliste où pointe parfois l’énergie du désespoir. « Merci pour ta musique, grâce à toi on oublie cette triste situation », s’exclame avec enthousiasme une jeune femme à l’attention du DJ. Au cours de la soirée, le Japonais Kezokichi recevra plusieurs marques spontanées d’affection. « Plusieurs personnes sont venues me remercier de leur faire passer un bon moment, ça me touche beaucoup », confie-t-il, presque gêné. Il espère pouvoir revenir bientôt mixer en Grèce.

« pic.twitter.com/jfs5G9gA39 — Laure Cometti (@la_comete) July 5, 2015 »

Le « non » est majoritaire chez les jeunes

Les jeunes, particulièrement touchés par le chômage et la précarité depuis le début de la crise grecque, dès 2009, sont majoritairement favorables au « non » selon les derniers sondages grecs.

« #Grèce Les jeunes massivement pour le NON. Les p. âgées massivement pour le OUI. via @twittprognosis pic.twitter.com/EU5POroHNb — Olivier Drot (@OlivierDrot) July 3, 2015 »

Diana, jeune avocate, est venue avec un groupe d’amis. Va-t-elle voter non dimanche ? « What else ? [quoi d’autre] », rétorque-t-elle, avant d’asséner : « on n’a rien à perdre », une expression fréquemment entendue dans la bouche des Grecs cette semaine.

« Si le non l’emporte, on perdra peut-être de l’argent, on ne pourra plus retirer de liquide, mais ça ne changera pas grand-chose », renchérit un étudiant en philosophie. « En revanche, psychologiquement, on a beaucoup à perdre si le oui passe ». Il votera donc non, même s’il reconnaît, à quelques heures du scrutin, que ce choix est loin d’être une évidence.

Thassos a une bonne situation professionnelle. Il travaille pour un célèbre cabinet d’audit depuis trois ans. « Quoi qu’il arrive, ce sera la merde », lâche-t-il, désabusé. Son patron a implicitement incité ses employés à voter oui, évoquant la menace de suppression de postes si le non l’emporte. Comme de nombreux Grecs, Thassos se trouve face à un dilemme : « si on vote oui on va se faire couler par les mesures d’austérité, mais avec le non il y a un énorme point d’interrogation quant à notre futur ». Le jeune homme de 27 ans semble toutefois pencher pour ce point d’interrogation. De toute manière, il est déterminé à quitter la Grèce dans les mois à venir.