Grèce: Le pays est prêt pour le référendum préparé en un temps record
GREXIT•Les autorités grecques ont eu à peine neuf jours pour organiser le scrutin...L.C. avec AFP
Après cinq ans d’austérité, les Grecs tiraillés entre lassitude de la rigueur et attachement à l’Europe s'apprêtent à vivre un référendum incertain dimanche, qui va sceller le sort de leur gouvernement et peser sur les relations avec la zone euro. Au terme d’une campagne aussi brève qu’exaltée, les partisans du « oui » et du « non » sont au coude-à-coude dans les sondages.
Une organisation rôdée
Les bureaux de vote seront ouverts de 7h à 19h. A Athènes, après dépouillement dans les bureaux de vote, les bulletins seront tous regroupés dans les bâtiments de la Cour suprême, en cas de nécessité de recompter les voix. Le verdict devrait tomber avant minuit, selon les autorités. Il faudra peut-être attendre tard dans la nuit si le résultat est aussi serré que les sondages le laissent penser. Certains cafés prévoient déjà de rester ouverts toute la nuit dans la capitale, pour accueillir les clients dans l’attente de l’annonce officielle des résultats. Le suspense pourrait se dénouer vers 22 h, estimait toutefois une source dans l’entourage du procureur d’Athènes, contactée samedi après-midi par 20 Minutes.
En dépit du délai extrêmement court pour organiser ce référendum (neuf jours), tout semblait prêt samedi pour accueillir les dix millions de Grecs en âge de voter. Les bulletins et les enveloppes ont été livrés dans la semaine à chaque bureau de vote de la capitale, a confirmé une source judiciaire à 20 Minutes.
Voici à quoi ressemble le bulletin de vote : une question de dix-sept lignes et la case du « NON » (« OXI ») qui précède celle du « OUI » (« NAI »)
« Le bulletin de vote au référendum grec (via @protothema) pic.twitter.com/hdKkitNNM3 — Vasilis Dalianis (@VasilisDalianis) 29 Juin 2015 »
« On a l’habitude d’organiser des élections en Grèce », explique Thanassis, 31 ans, entrepreneur basé à Athènes.
Journée de relâche à la veille du scrutin
Tout semblait figé samedi pour cette journée de relâche politique, quelques heures après des mobilisations massives de chaque camp dans le centre d’Athènes. En cette veille d’élection, il était interdit de faire campagne. Seule une petite manifestation « contre la peur » a eu lieu vers 18 heures devant les bureaux de la chaîne de télévision Mega Channel.
« Small protest at MEGA TV : "NO to TV broadcasters' terrorism. We break the fear" pic.twitter.com/nyzXSMGwQ0 @ANTIplhroforhsh #Greferendum #rbnews — Joanna P. (@JoannaP___) 4 Juillet 2015 »
Un calme presque olympien régnait dans certains quartiers d’Athènes après l’agitation de la veille. L’économie, exsangue après cinq ans de récession en dépit d’une légère reprise fin 2014, tourne au ralenti depuis la fermeture des banques lundi, et l’imposition d’un strict contrôle des capitaux, prévu jusqu’au surlendemain du référendum.
Le calme avant la tempête ?
L’avenir post-référendum est plutôt incertain. Le gouvernement Tsipras, qui a fait campagne pour le non, va-t-il basculer en cas de victoire du oui ? Les banques vont-elles rouvrir dès lundi matin, comme l’a garanti le Ministre des Finances Yanis Varoufakis dans une interview publiée vendredi ?
Pour l’exécutif emmené par la gauche radicale Syriza, une victoire du oui serait un désaveu et pourrait ouvrir une période d’instabilité politique, que l’économie et le système bancaire du pays ne peuvent se permettre, même pour une courte durée. Et à moyen terme, une nouvelle cure d’austérité attendrait la Grèce, assure Syriza.
Une victoire du non provoquerait un « saut dans l’inconnu », selon la plupart des observateurs, même si le gouvernement Tsipras promet un accord pour les jours suivants, fort d’une légitimité renforcée. Tout dépendra notamment de l’attitude des partenaires européens, dont le front est loin d’être uni. Une chose est sûre, les Grecs ont assez attendu, et la plupart semblent soulager de voir s’approcher enfin un dénouement, après plusieurs jours de paralysie économique et politique.