GREXITLa presse grecque divisée au lendemain du défaut de paiement

Grèce: «Cauchemar», «espoir»... La presse grecque divisée au lendemain du défaut de paiement

GREXITLes éditorialistes grecs prennent fermement position sur la question du référendum et l'action du gouvernement d'Alexis Tsipras...
De notre envoyée spéciale à Athènes (Grèce), Laure Cometti

De notre envoyée spéciale à Athènes (Grèce), Laure Cometti

La Grèce sombre-t-elle dans le « chaos » ou se trouve-t-elle à l’aube d’un « nouveau départ » ? Tout dépend du journal que l’on ouvre ce mercredi. Quelques heures après l’échéance officielle du prêt de 1,6 milliard d’euros au Fonds monétaire internationale (FMI), la presse grecque met en Une le défaut de paiement (même si le FMI parle d’un «arriéré») et le rassemblement pour le « oui » au référendum du 5 juillet qui a mobilisé environ 20.000 personnes, selon la police, à Athènes mardi soir.

A l’image de la société grecque, les journaux hellènes sont polarisés par le débat sur le référendum, entre « oxi » (« non ») et « nai » (« oui »). A la différence qu’une majorité de Grecs semblent encore indécis à ce jour. 20 Minutes a parcouru la presse grecque.

La campagne pré-référendum

Le journal conservateur Kathimerini insiste sur la forte mobilisation du camp du « oui », mardi soir à Athènes. Pour le quotidien Eleftheros typos, un peu plus à droite, ce rassemblement a permis d’entendre « la voix du peuple qui dit "oui" à l’Europe ».

Pour le journal centriste Ethnos, qui consacre un long dossier intitulé « Cauchemar sur le pays », ce référendum est une preuve de lâcheté de la part d’Alexis Tsipras.

Alarmiste, le journal du centre Ta Nea évoque le « fantôme de Maidan [la place de Kiev, en Ukraine, théâtre de manifestations et de batailles de rues] », planant sur la place Syntagma, s’inquiétant du fait que le peuple grec est divisé en deux camps.

Le média pro-Syriza Avgi réduit la manifestation pour le « oui » à un rassemblement de Grecs mécontents du gouvernement. Les maires d’Athènes et de Thessalonique, qui ont pris la parole lors du rassemblement, sont « instrumentalisés par le leader de l’opposition et ancien Premier ministre Antonis Samaras », selon Avgi. Le « non » sera un « catalyseur » pour un « nouveau départ », lit-on dans l’édito. Le quotidien consacre en outre une double page aux soutiens étrangers en faveur du « non », comme le parti Podemos en Espagne, la gauche chypriote ou le parti communiste français.

« Oui » ? « Non » ? Pour le journal d’extrême gauche Rizospastis, il s’agit d’un « faux dilemme », les propositions du gouvernement étant aussi néfastes pour le peuple que celles de la troïka.

L’arriéré de paiement au FMI

« Zéro temps », titre Ethnos, en référence au compte à rebours du remboursement du prêt du FMI. « Depuis minuit, le pays est en situation de siège », écrit un journaliste qui juge l’heure « dramatique ». Un autre article est consacré à la paralysie des commerces désertés, en situation de « mort ».

Dévaluation, files d’attente devant les supermarchés et les stations-essences, pénuries… L’édito de Eleftheros typos prédit un futur très sombre en cas de victoire du « non » qui risquerait d’entrainer une sortie de la zone euro et de faire de la Grèce un pays du « Tiers-Monde ».

Les retraités

Concernant l’autorisation d’un retrait de 120 euros pour les retraités sans carte bancaire, Eleftheros typos parle de « chaos total ». Ethnos décrit le « golgotha » des retraités, tandis que Ta Nea parle de « vaste moquerie », tant la somme de 120 euros est ridicule.

Alexis Tsipras et le gouvernement grec

Kathimerini consacre un article aux désaccords internes au sein du gouvernement : « Dissensions au palais Maxímou » (la résidence officielle du Premier Ministre Alexis Tsipras, que le quotidien dit « isolé au sein de son propre camp »). « Une faiblesse dangereuse » qui a mené le leader de Syriza à commettre une des erreurs potentiellement « fatales pour le pays », souligne l’édito.

Pour Eleftheros typos, le Premier ministre « joue » alors que le pays est en pleine banqueroute. Des propos illustrés par une photo d’Alexis Tsipras tout sourire. Dans le journal Estia, très à droite, le chef du gouvernement grec est surnommé « Ponce Pilate 2 ».