Attentat en Tunise: Pourquoi le groupe État islamique a choisi cette cible
TERRORISME•La Tunise est un symbole à plusieurs titres pour l’État Islamique…Olivier Aballain
Après la France, la Tunise fait probablement partie des cibles privilégiées du terrorisme pratiqué par l'État islamique (EI), en dehors de la Syrie et de l'Irak.
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L'attaque meurtrière lancée vendredi après-midi contre le complexe touristique de Sousse intervient seulement trois mois après l'attentat du musée du Bardo, à Tunis. Le pays de la révolution de Jasmin n'est évidemment pas choisi par hasard par les extrêmistes sunnites.
Une cible politique
La transition démocratique qui a suivi le renversement, début 2011, du régime de Ben Ali, fait de la Tunisie une sorte de laboratoire permanent en Afrique du Nord.
Certes de façon trop lente pour certains, mais les promesses de 2011 se transforment peu à peu en réalité, avec l'adoption d'une nouvelle constitution début 2014, et des élections législatives et présidentielle libres, tenues avec succès en octobre et décembre 2014.
L'émergence d'un pays de tradition musulmane qui combinerait liberté politique, modernité économique et mœurs à l'occidentale, n'est pas du tout du goût de Daesh.
Une cible géographique
Située à l'extrémité nord de l'Afrique, la côte tunisienne regarde vers l'Europe du Sud, et vice-versa. Le pays est donc géographiquement aux premières loges de l'afflux de migrants vers l'Europe. En tentant de déstabiliser la Tunisie, l'État Islamique sait qu'il renforcera la crise en mer Méditerrannée.
En outre, les 459 km de frontière commune avec la Libye constituent l'un des points faibles de la Tunise. Selon un responsable de la Banque mondiale cité par Mediapart, environ un million de ressortissants libyens seraient réfugiés en Tunisie, où ils peuvent se rendre sans visa.
Cet afflux de réfugiés représente à la fois un risque communautaire, et surtout politique, avec l'exportation possible du chaos libyen. Le chef du gouvernement tunisien a annoncé vendredi la fermeture prochaine de 80 mosquées soupçonnées d'abriter des appels à la violence.
Une cible économique
Le secteur touristique constitue la planche de salut de la Tunisie dans sa reconstruction de l'après 2011. Comme le rappelle Beligh Nabli, directeur de recherche à l’IRIS, les terroristes espèrent «affaiblir l'état en s'attaquant à son économie».
C'est d'ailleurs la situation désespérée d'un vendeur de fruits et légumes qui a lancé la «révolution de jasmin», fin 2010. Avec l'attentat de vendredi, la fréquentation des complexes touristiques tunisiens risque de nouveau de chuter, comme après l'attentat du musée du Bardo (-60% selon Le Figaro).
En outre la clientèle occidentale de ces complexes touristiques est accusée, par le communiqué de revendication de l'EI, de favoriser «la fornication, le vice et l'apostasie (renoncement à la religion)».