Il est longtemps passé inaperçu. Vivant dans l’ombre de son grand frère, David. Ed Miliband, 45 ans, le candidat travailliste aux élections législatives du 7 mai, a pourtant été pendant plus de dix ans la plume de Gordon Brown. Il a même été secrétaire d'Etat à l'Energie et au Changement climatique, en 2008.

Mais ce n’est qu’en 2010 qu’il se fait un prénom. Quand il se porte candidat à la succession de Gordon Brown… Tout comme le fait son frère, David. Les médias se passionnent pour cette lutte fraternelle au dénouement inattendu. Car personne ne s’attendait à voir le charismatique et populaire David, soutenu par les pontes du parti et les milieux économiques, défait par le jeune Ed.

Ce dernier a remporté la bataille en se positionnant à l’aile gauche du parti, décrochant ainsi l’appui des jeunes et des syndicats.

Chouchou des jeunes filles

Ed Miliband est désormais le leader des travaillistes et la presse continue de s’intéresser à lui. Principalement pour le railler. Il est présenté comme un gaffeur et parfois même comme un inadapté social. Mais le peuple s’en moque. «Il n’était ni aimé, ni détesté par les Britanniques. Il était tout simplement inexistant pour eux», explique Olivier de France, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

Pour devenir «premier ministrable» aux yeux du grand public, Miliband travaille son image. Son look d’abord. «Ed Miliband, c’était un peu Wallace et Gromit avec ses cheveux en bataille et son visage poupon», résume Olivier de France. Il améliore également son élocution, chasse son zozotement, clarifie et dynamise son discours, longtemps jugé universitaire et confus.

Si les jeunes filles le qualifient désormais de sexy, l’emballement s’arrête là: «Les Britanniques n’ont pas d’affection débordante à son égard, pas plus qu’ils n’en ont pour David Cameron», assure Olivier de France. «Mais si Cameron est considéré comme crédible sur les questions économiques et pas particulièrement sympathique, Miliband, c’est plutôt l’inverse».

David Cameron le qualifie de «rigolo»

L’enjeu pour Ed est donc de crédibiliser son image, lui qui est taxé de «rigolo» par David Cameron et surnommé «Red Ed», soit «Ed le Rouge», par ses détracteurs. Cet homme athée d’origine juive -ses parents se sont réfugiés à Londres dans les années 1940- est pourtant loin d’être communiste.

Passé par Oxford et Harvard où il a étudié la social-démocratie, «Ed Miliband adopte selon les sujets des postures brownistes (plus à gauche) ou blairistes (plus au centre), mais pas par idéologie, par tactique», assure Olivier de France.

Ed Miliband, le possible futur Premier ministre du Royaume-Uni, est-il le roi du malaise?

Ainsi, s’il défend le gel du prix du gaz, une mesure très populaire, il s’exprime également en faveur du contrôle de l’immigration, proposant de limiter l'accès des nouveaux arrivants aux prestations sociales pendant deux ans. Quant aux déficits publics, il est hors de question pour lui de les creuser. Ed Miliband détrônera-t-il David Cameron? Pour les bookmakers, la réponse est oui.