Victime du «revenge porn», elle dépose un copyright sur ses seins
ETATS-UNIS•La loi américaine est encore floue sur la publication de clichés et de vidéos dénudées en guise de vengeance...N.Beu.
Aux Etats-Unis, le débat sur la liberté d’expression se niche dans des endroits inattendus. Une Américaine victime de revenge porn l’a appris à ses dépens quand elle a voulu faire retirer du Web des photos d’elle nue publiées par son ex-petit ami, raconte CNN Money. Dans l’incapacité de se défendre face à ce qui peut être considéré comme relevant du Premier Amendement de la Constitution sacrant les libertés individuelles, elle s’est retrouvée contrainte… de déposer un copyright sur les clichés, en d’autres termes sur son corps.
Comment identifier le responsable?
Aux Etats-Unis, le revenge porn n’est en effet illégal que dans dix-sept Etats. Ailleurs, le sujet pose problème parce que son interdiction entre en collision avec la liberté d’expression sacrée dans la Constitution. La difficulté est aussi d’identifier un responsable: la personne qui fournit les photos ou le propriétaire des sites qui les héberge? Face au vide juridique, les victimes se retrouvent souvent démunies, même si un développeur de 28 ans, Kevin Christopher Bollaert, a été condamné à 18 ans de prison début avril pour extorsion et vols d'identité après avoir publié 10.100 photos sexuellement explicites sans le consentement des personnes.
Sur les conseils de ses avocats, la jeune femme interrogée par CNN Money a donc emprunté une voie détournée: elle s’est adressée au Copyright Office pour protéger son image. Au prix de plusieurs heures d'effort et d’une nouvelle humiliation –elle a dû à nouveau donner des photos dénudées d’elle, cette fois aux autorités-, elle a pu enregistrer plus de 100 photos au titre des droits d’auteur. Une procédure rendue possible par le fait qu’elle a pris les photos elle-même. Grâce à sa démarche, les sites les hébergeant ont été contraints de dépublier les clichés.