L'ultime bataille pour le mariage gay aux Etats-Unis
SOCIETE•La Cour suprême a écouté les arguments des deux camps, mardi...Philippe Berry
C'est la bataille de toutes les batailles. Celle qui pourrait trancher, une fois pour toute, du statut du mariage gay à travers les Etats-Unis. Et si de nombreux experts s'attendent à voir la Cour suprême suivre la tendance progressiste de ces dernières années, ses neufs membres sont apparus fortement divisés, mardi, lors d'une audience très attendue. 20 Minutes fait le point sur la situation, en attendant la décision définitive, fin juin.
Quelle est la situation actuelle?
Le mariage gay est légal dans 36 Etats sur 50, plus le district de Columbia. Onze ans après la première légalisation, dans le Massachusetts, tout s'est accéléré en 2013 quand la Cour suprême a invalidé le Defense of marriage act (DOMA), une loi de 1996 qui définissait le mariage au niveau national comme l'union d'un homme et d'une femme. De nombreux Etats ont alors autorisé, par un processus législatif, les unions de couples du même sexe.
Sur quoi se prononce la Cour suprême?
Sur quatre recours intentés par des couples gays dans le Tennessee, le Kentucky, le Michigan et l'Ohio. Dans ces Etats, non seulement la mariage gay n'est pas reconnu, mais il est même interdit par une loi locale. Les neuf «Justices» de la Cour doivent trancher sur un point controversé: une interdiction au niveau d'un Etat est-elle constitutionnelle.
Un juge peut tout faire basculer
L'équilibre des forces est bien défini. La Cour compte quatre juges conservateurs (à droite), quatre libéraux (à gauche), et un plutôt au milieu. C'est donc vers Antony Kennedy que tous les yeux sont tournés. En 2013, il avait fait pencher la balance en estimant que définir un mariage comme l'union d'un homme et d'une femme discriminait contre la minorité gay et lesbienne.
Les arguments de mardi
Les débats ont été vifs. Le conservateur Samuel Alito a demandé si un mariage entre quatre personnes devrait bientôt être reconnu. La libérale Ruth Bader Ginsburg a martelé qu'autoriser le mariage gay ne diminuait en rien la valeur de l'union des couples hétérosexuels. Le vote décisif, Anthony Kennedy, lui, s'est montré prudent. Il a rappelé que le mariage entre un homme et une femme était une tradition «millénaire» mais qu'interdire à deux personnes de se marier était «un affront à leur dignité» et «à celle des enfants adoptés». Verdict dans deux mois.