Séisme au Népal: «Le bilan provisoire des blessés pourrait être multiplié par dix»
INTERVIEW•L'ONG Handicap International, présente depuis 15 ans au Népal, a déclenché une intervention d'urgence après le violent séisme de samedi...Propos recueillis par Laure Cometti
Après le violent séisme qui a frappé le Népal samedi, des ONG du monde entier sont sur le pied de guerre. Présente depuis quinze ans dans le pays, l'association Handicap International s'est rapidement organisée pour venir en aide aux blessés et envoyer des renforts. Une intervention humanitaire de crise expliquée à 20 Minutes par Jean-Pierre Delomier, directeur de l'action d'urgence.
Votre association apporte son soutien aux personnes handicapées et vulnérabilisées. Comment intervenez-vous dans cette situation de crise ?
Handicap International a une solide expérience dans l'aide apportée aux victimes des séismes, en témoigne notre intervention lors du tremblement de terre en Haïti en 2010.
Au Népal, notre personnel a immédiatement pu apporter son soutien à plusieurs hôpitaux népalais en distribuant du matériel. Le bilan provisoire des blessés pourrait malheureusement être multiplié par dix, ce qui entraînerait des besoins incommensurables en matière de prise en charge hospitalière et postopératoire. Notre objectif est d'y répondre, en prenant en charge les blessés sans tarder pour limiter les risques de handicaps définitifs. Nous sommes aussi attentifs au traumatisme psychologique qui peut affecter certains rescapés. C’est toute une génération qui pourrait être touchée à long terme.
Handicap International était déjà présent sur place au moment du séisme. Comment allez-vous renforcer les moyens dont vous disposez?
Une équipe de 47 personnes travaille pour Handicap International au Népal, principalement du personnel de réadaptation, des kinésithérapeutes. Elles ont été rejointes par trois personnes ce week-end, et quatre autres vont partir de France dès demain. Pour renforcer cette équipe, nous envoyons du personnel encadrant, aguerri à ce type de situation de crise et capable de piloter et coordonner des opérations d'urgence. Nous travaillons aussi avec un réseau d'associations locales tissé au cours de nos quinze années de présence dans le pays.
Quels dispositifs supplémentaires votre association va-t-elle déployer?
Nous allons expédier du matériel humanitaire dès mardi soir: des kits de première nécessité pour les sinistrés et un kit pour bâtir un relais handicap et vulnérabilité. C’est une tente de 60 mètres carrés avec un groupe électrogène, du matériel médical et informatique, une sorte d’hôpital de fortune où nous pouvons prendre en charge les blessés. Plusieurs kits supplémentaires seront bientôt envoyés. À terme, il est préférable de s’approvisionner sur marché régional, mais à l’heure actuelle c’est l’urgence qui prime et ces kits nous permettent d’être immédiatement opérationnels.
En parallèle, nous mettons sur pied une mission d’intervention en urgence pour couvrir les besoins essentiels de la population: garantir l’accès à l’eau, à l’alimentation et à un abri, en mettant en place une plateforme de distribution.
Séisme au Népal: Les difficultés auxquelles se heurtent les ONG
À quelles difficultés le personnel humanitaire est-il confronté ?
Il y a des enjeux logistiques, comme la capacité à accéder aux zones sinistrées. Un de nos équipiers se trouve par exemple à Gorkha, tout près de l’épicentre du séisme, dans une zone particulièrement touchée. Nous essayons d'y envoyer du personnel en renfort mais cela n’est pas simple en raison des difficultés pour communiquer et se déplacer. Par ailleurs, notre personnel travaille avec prudence car il y a des répliques parfois violentes.