POLITIQUERussie: L'extrême droite européenne se réunit à l'invitation d'un parti pro-Kremlin

Russie: L'extrême droite européenne se réunit à l'invitation d'un parti pro-Kremlin

POLITIQUELe Front national n'est pas venu à ce forum...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Des représentants d'une dizaine de partis de l'extrême droite européenne, pour certains réputés néo-nazis, se sont réunis ce dimanche en Russie lors d'un forum organisé par une formation pro-Kremlin, défendant les «valeurs traditionnelles» familiales et critiquant les sanctions contre Moscou liées à la crise ukrainienne.

Près de 150 membres de mouvements nationalistes, comme les partis d'inspiration néo-nazie grec Aube Dorée et allemand NPD ou le parti bulgare Ataka réputé pour sa rhétorique violente antiminorités, ont discuté du «soutien des valeurs traditionnelles» familiales défendues par Vladimir Poutine, du conflit en Ukraine ou encore de la politique «orgueilleuse» des Etats-Unis.

Réunis à Saint-Pétersbourg (nord-ouest) à l'invitation du parti Rodina (Patrie), les participants ont dit vouloir instaurer un mouvement les réunissant qui servirait de tribune commune contre les «menaces à la souveraineté et à l'identité nationale». «Ce Forum pose le première pierre en vue de fonder le nouveau monde que nous sommes obligés de construire», a déclaré Fiodor Biroukov, de Rodina.

«La politique agressive de l'Otan»

Les partis d'extrême droite ont fait ces derniers mois entendre des voix favorables à la politique de Vladimir Poutine dans la crise ukrainienne, en opposition à ce qu'ils décrivent souvent comme l'impérialisme américain.

Moscou, de son côté, affirme combattre ce qu'il présente comme du «fascisme» en Ukraine où des manifestants pro-occidentaux comprenant des groupements nationalistes ont renversé début 2014 le président prorusse Viktor Ianoukovitch.

«Nous ne soutenons pas les sanctions décrétées contre la Russie à la suite d'un conflit en Ukraine», a déclaré le député européen du NPD allemand Udo Voigt, condamné dans le passé pour avoir qualifié Adolf Hitler de «grand homme». «C'est fascinant (de voir) quelle patience montre la Russie et le président Poutine face à la politique agressive de l'Otan», a-t-il ajouté.

Nick Griffin, l'ancien dirigeant du British National Party (BNP), a présenté la rencontre comme «un moyen de résister au modernisme et à la destruction des valeurs traditionnelles dont le christianisme dans le monde actuel».

La Fédération des communautés juives de Russie a fait part de son «extrême préoccupation» concernant l'organisation d'une telle rencontre dans «l'une des villes qui a le plus souffert des actes des nazis», la jugeant «particulièrement cynique» à l'approche des célébrations des 70 ans de la victoire contre l'Allemagne d'Adolf Hilter.

La célébration de ma bataille de Leningrad

La Russie s'apprête à commémorer, le 9 mai, l'événement, source d'une immense fierté pour les Russes, avec notamment un grand défilé à Moscou en présence de chefs d'Etat étrangers mais sans ses anciens alliés occidentaux, conséquence des tensions liées à la crise ukrainienne.

Pendant la guerre, Saint-Pétersbourg, alors baptisée Leningrad, avait été encerclée par les nazis pendant plus de 900 jours au prix d'un million de victimes tuées par la famine et les bombardements.

L'opposition libérale de la ville a critiqué le forum et quelques personnes ont été interpellées par la police pour avoir scandé devant l'hôtel où se déroule le forum «non au nazis».

«C'est scandaleux pour la Russie d'abriter des héritiers de Mussolini et de Hitler surtout ici à Leningrad», a déclaré Natalia Guerassimova, 57 ans.

Le FN absent mais Marine Le Pen dénonce la «propagande» antirusse

L'opposant Alexeï Navalny a quant à lui ironisé sur son blog: «Les fascistes se transforment en amis de la Russie très vite et inversement.»

Le parti d'extrême droite français Front national, qui défend régulièrement la politique russe en Ukraine et qui avait participé en mai à une rencontre prorusse entre partis nationalistes européens, n'a pas participé au forum de dimanche.

Invitée samedi soir à la télévision publique russe, sa présidente Marine Le Pen a critiqué les sanctions européennes contre la Russie décrétées selon elle «sur ordre des Etats-Unis» et «la propagande» antirusse concernant la crise ukrainienne, selon la traduction en russe de ses propos.