TERRORISMEAttentat à Tunis: Couacs à répétition et confusion sur le bilan humain

Attentat à Tunis: Couacs à répétition et confusion sur le bilan humain

TERRORISMELes autorités peinent à comptabiliser avec précision leurs ressortissants qui manquent à l’appel…
William Molinié

William Molinié

Plus de vingt-quatre heures après l’attaque au musée du Bardo à Tunis qui a fait 21 morts dont 20 étrangers selon les autorités tunisiennes, le bilan du nombre exact de victimes et leur nationalité est imprécis. Depuis mercredi, les chiffres avancés par les autorités tunisiennes mais aussi étrangères ne cessent de fluctuer et parfois se… contredisent.



A commencer par la première communication, mercredi après-midi, moins de deux heures après l’attaque. Le ministère de l’Intérieur tunisien annonce qu’une touriste a été blessée mais n’écarte pas qu’il y en ait davantage. Quelques minutes plus tard, l’AFP annonce huit morts dans cette attaque, citant le même ministère de l’Intérieur. S’est-il exprimé trop rapidement la première fois?

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Contradictions entre ministres tunisiens

Tout au long de l’après-midi, le bilan sera confus. A la télévision, le Premier ministre tunisien Habib Essid annonce que l’attentat a fait «19 morts, dont 17 touristes de nationalités polonaise, italienne, allemande et espagnole». Quasiment au même moment, son collègue ministre de la Santé, Saïd Aïdi, annonce 38 blessés, dont des Français, sud-africains, Polonais, Italiens, ou encore Japonais.

Dans la soirée, les autorités tunisiennes précisent la nationalité de 12 victimes: 5 Japonais, 3 Italiens, 2 Colombiens, 2 Espagnols. Mais ne font pas mention de Français, contrairement au Quai d’Orsay qui avance «six blessés [français] et une personne sans nouvelle». Peu de temps après, l’Elysée annonce la mort de deux Français. Sept autres sont blessés, dont «un dans état grave».

Information erronée

Ce jeudi, la confusion est toujours de mise. François Hollande a reconnu qu’il y avait une «interrogation» sur un possible troisième mort français. «Nous aurons cette information et je préfère la donner lorsqu’elle sera véritablement confirmée», a-t-il indiqué.

Pire, les autorités japonaises ont qualifié d’«erreur» l’information émanant des autorités tunisiennes selon laquelle cinq touristes japonais avaient été tués au cours de l’attaque. «Nous avons aussi entendu dire que le bilan était plus lourd, nous continuons donc les vérifications», a précisé dans la foulée le ministre japonais des Affaires étrangères, Fumio Kishida. Mais le porte-parole du gouvernement a déclaré ensuite que cette information «était une erreur».

Casse-tête

Ces contradictions peuvent s’expliquer par une situation particulièrement confuse sur place. «Le gouvernement tunisien manque d’organisation. Tout le monde peut s’exprimer sur tout», explique Wassim Nasr, journaliste à France 24 et spécialiste des mouvements djihadistes. Chaque ministre peut vouloir tirer l’attention autour de lui, ce qui pourrait expliquer ces erreurs de communication. «Mais de la même manière qu’il a pu y avoir des couacs dans des pays européens dans ce type de situation», relativise-t-il.

L’éparpillement des touristes lors de l’attaque a pu aussi ajouter au désordre. Un véritable casse-tête pour les ministères des Affaires étrangères. A l’image des Espagnols dont deux de leurs ressortissants n’ont été retrouvés au musée du Bardo que ce jeudi matin. Le couple, dont la femme était enceinte de quatre mois, était resté caché toute la nuit avec l’aide d’un employé du site.