Attentat à Tunis: L'impact «terrible» de l’attentat sur le tourisme
MONDE•L’attaque terroriste mercredi à Tunis est un coup dur pour le tourisme, un secteur-clé déjà affaibli depuis le printemps arabe…Faustine Vincent
Le soulèvement de la population lors du «printemps arabe» avait déjà détourné les touristes de la Tunisie depuis quatre ans. L’attaque terroriste qui a frappé le musée du Bardo à Tunis mercredi, tuant 20 touristes étrangers dont deux Français, est un coup de massue. Survenue au début de la saison touristique, elle aura un impact économique «terrible», a déclaré le Premier ministre, Habib Essid.
Le tourisme est un secteur-clé du pays. Il est l'un des principaux moteurs de l'économie et génère 7% du PIB. Il fait aussi vivre un 10% de la population (400.000 emplois directs), en générant entre 18 et 20% des recettes en devise par an. Essentiellement familial ou de groupes, le tourisme «a un effet d'entraînement sur une grande partie des secteurs économiques: commerce, transports, artisanat, communications, agriculture et bâtiment», selon le gouvernement.
«On craint bien sûr que l’attaque ait un impact, mais on ne va pas baisser les bras, on va continuer malgré les pertes», confie Zied Chargui, employé à l’Office national du Tourisme tunisien. En février, il a lancé une campagne sur une page Facebook pour faire revenir les touristes. Depuis hier, les messages se multiplient. «On est content, on reçoit des témoignages de solidarité du monde entier», dit-il, appelant les Français qui avaient prévu de partir en vacances dans le pays à ne pas annuler leurs réservations.
Le secteur souffrait depuis le printemps arabe
Malgré la renommée de stations balnéaires comme Hamamet et Sfax, d'îles comme Djerba, et de villes au riche patrimoine historique, le tourisme est déjà très affecté depuis la révolution qui a renversé le président Ben Ali en janvier 2011. En 2014, le nombre de touristes venus en Tunisie a encore enregistré une baisse de 3,2%, passant de 6,27 à 6,07 millions en un an, selon le ministère tunisien du Tourisme.
En 2010, avant le printemps arabe, la Tunisie recevait encore près de sept millions de touristes étrangers dont 1,4 million de Français. Ces derniers, qui constituent la clientèle la plus importante du pays, n’étaient plus que 720.000 l'an dernier.
Le pays avait fait état fin janvier d'une «reprise» des séjours l'an dernier de la part de touristes allemands, italiens et britanniques, mais d'un repli en provenance de pays comme la France, la Russie ou encore la Scandinavie.
Une demande de réservation
«C’est moche parce que la Tunisie a besoin que le tourisme reprenne, confie par téléphone Chantal, en vacances à Djerba. Cette Française était à Tunis mercredi au moment de l’attentat. «J’avais prévu de faire un tour au musée du Bardo pendant mon séjour… Il y aura sûrement des répercussions sur le tourisme, mais à tort, car les menaces concernent toutes les capitales», dit-elle, excluant de raccourcir son séjour.
On ignore encore l'impact potentiel, à court et moyen terme, sur des annulations de réservations touristiques en Tunisie. Le Syndicat des tour-opérateurs français (Seto) qui représente quelque 70 voyagistes nationaux, a en tout cas signalé qu'il n'y a «pas eu de vague d'annulations» des réservations pour l'instant.
Wafa Dhifallah, qui gère une petite résidence de 10 personnes à Djerba, n’a pas non plus reçu d’annulation, mais au contraire une demande de réservation hier soir, après le drame. «Elle venait de France, précise-elle à 20 Minutes. Après ce qu’il s’est passé hier soir, c’est positif». Elle s'est empressée d'annoncer la nouvelle, toute symbolique, sur la page Facebook «Je viendrai en Tunisie le…».