SYRIESyrie: Daesh avait créé un «Guantanamo» pour les otages occidentaux

Syrie: Daesh avait créé un «Guantanamo» pour les otages occidentaux

SYRIELe journaliste Javier Espinosa, libéré le 29 mars 2014, détaille sa détention dans une prison conçue comme une réplique de celle de la base américaine à Cuba...
Mathias Cena

M.C. avec AFP

Près d'un an après sa libération, il raconte. Dans un récit publié par son journal, El Mundo, le journaliste Javier Espinosa, libéré le 29 mars 2014, détaille sa détention dans une prison en Syrie conçue comme la réplique à la prison américaine de Guantanamo.

Le reporter espagnol dit avoir été incarcéré pendant plusieurs mois dans une villa au nord d'Alep, avec 22 Européens, Américains, et une Latino-Américaine qu'il n'identifie pas, jusqu'à sa libération le 29 mars 2014. Sur les 23 otages, travailleurs humanitaires ou journalistes de onze nationalités différentes, quinze ont été libérés, six exécutés, et une, l'américaine Kayla Mueller, est morte en février dernier, dans un bombardement de l'aviation américaine, selon Daesh. Le sort du photographe de presse britannique John Cantlie, détenu avec eux, reste incertain. L'organisation terroriste a diffusé récemment une vidéo où il était en vie.

«Ils voulaient interner des Occidentaux dans une prison de haute sécurité»

L'auteur cite le journaliste américain James Foley, son codétenu enlevé en novembre 2012 et exécuté en août 2014. «Ils avaient ce projet depuis longtemps, selon Foley. Le cheikh irakien (chef des gardiens) nous a expliqué dès le départ qu'ils voulaient interner des Occidentaux dans une prison de haute sécurité, avec des caméras, de nombreux gardiens... Il nous a dit que nous allions y passer longtemps parce que nous étions les premiers qu'ils capturaient».

Le journaliste espagnol dit avoir gardé le silence depuis sa libération -en même temps que son collègue photographe Ricardo Garcia Vilanova, et le journaliste du Periodico de Cataluna, Marc Marginedas, qui entame dimanche un récit parallèle- parce que ses gardiens menaçaient d'exécuter d'autres otages s'il parlait «avant que tout soit achevé».

Simulacres d'exécution

Espinosa raconte des simulacres d'exécution de la part de trois gardiens encagoulés, surnommés les Beatles par les otages, et qu'il traite de psychopathes. Ils les ont notamment obligés à regarder les photos de l'exécution d'un otage russe, l'ingénieur Serguei Nicolayevitch Gorbounov, enlevé en octobre 2013 et assassiné en mars 2014, selon Espinosa.

«Le cheikh lui a tiré une balle explosive dans la tête», s'est vanté un des gardiens. «Vous finirez peut être comme lui ! Ou bien nous vous obligerons à le déterrer et à creuser une nouvelle tombe pour vous envoyer dormir avec lui». La Russie avait annoncé en octobre 2013 enquêter sur la disparition de Gorbounov, qui dans une video diffusé sur Youtube, déclarait: «si on ne m'échange pas d'ici à cinq jours, ils me tueront».