Crash en Argentine: «En hélicoptère, le vol en formation est une situation accidentogène»
DECRYPTAGE•Retour sur les risques spécifiques des vols en hélicopères après l'accident qui a fait dix victimes lundi en Argentine sur le tournage de l'émission de téléréalité «Dropped»...A.B.
Les circonstances du drame n'ont pas encore été élucidées. Au lendemain du crash de deux hélicoptères en Argentine, qui a coûté la vie à dix personnes dont trois champions français, le parquet de Paris a ouvert mardi une enquête pour homicides involontaires. La nageuse Camille Muffat, la navigatrice Florence Arthaud et le boxeur Alexis Vastine participaient au tournage d'un jeu d'aventure de TF1, Dropped. Cinq membres de l'équipe de l'émission et les deux pilotes argentins ont également péri.
Le vol en formation pourrait-il être à l'origine de l'accident?
Pour l'heure, les autorités argentines poursuivent leur investigation mais on sait déjà que les conditions météo étaient bonnes et que l'accident est survenu alors que les deux engins venaient de décoller d'un stade. «La collision des deux appareils est peut-être le signe d'une erreur humaine, d'une défaillance dans la vigilance, sauf à découvrir que l'un des aéronefs a eu un problème mécanique», indique à 20 Minutes François Nénin, journaliste spécialiste des questions de transport aérien.
Le vol en patrouille était-il trop risqué? «C'est une situation accidentogène d'avoir deux appareils qui volent en formation, c'est ce qu'il y a de plus difficile. Cela requiert un entraînement spécifique. Lorsqu'on vole en formation avec un ou plusieurs appareils qui se trouvent à peine à quelques mètres du sien, les pilotes doivent bien se connaître. Chacun doit être dans la surveillance constante de son espace aérien et toujours garder l'autre dans son champ de vision», explique François Nénin.
Les conditions de vol en hélicoptère lors d'un tournage sont-elles plus dangereuses que lors d'un vol plus élémentaire?
Que ce soit pour réaliser des prises de vue ou dans le cadre d'épreuves de jeux télévisés, des vols en hélicoptères sont monnaie courante sur les tournages. «De nombreuses émissions sont tournées en hélico sans qu'aucun problème ne soit à déplorer», note François Nénin.
«Toutefois, l'atmosphère d'un tournage à bord d'un hélicoptère peut être particulière. On peut demander aux pilotes, pour filmer l'image dont on a besoin, de se rapprocher un peu trop d'un autre appareil ou d'un site, au risque de contrevenir aux règles élémentaires de sécurité», analyse le spécialiste. «Là, on n'est pas dans le cadre du transport élémentaire de personnes où l'on va d'un point A à un point B. C'est plus technique».
L'hélicoptère est-il plus dangereux que l'avion?
Pour le spécialiste des crashs aériens Jean-Pierre Otelli, interrogé mardi matin sur BFMTV, il n'y a pas l'ombre d'un doute, «l'hélicoptère n'est pas plus dangereux que l'avion». Même en cas de panne du moteur, un hélicoptère doit pouvoir se poser sans encombre, à condition d'être à une altitude suffisamment élevée. En cas d'atterrissage forcé, la mise en autorotation du rotor principal de l'hélicoptère lui permet de descendre et d'atterrir sans dommage. Cette autorotation permet la sustentation de l'aéronef, une résistance aérodynamique similaire à celle d'un parachute.
En revanche, «le vol en patrouille serrée en hélicoptère, c'est beaucoup plus difficile qu'en avion, puisqu’il y a des rotors qui tournent? ajoutait le spécialiste sur BFMTV. En avion en patrouille, on peut voler avec une distance d'un mètre, alors qu'en hélicoptère vous devez garder la distance des rotors. Si vous avez la moindre erreur de pilotage dans ce genre de choses, c'est évidemment la catastrophe».