Isabelle Prime, ressortissante Française, a été enlevée mardi avec son accompagnatrice, au cœur de la capitale du Yémen. 20 Minutes fait le point sur la situation.

Comment s'est déroulé l'enlèvement?

Cette employée d’une société de conseil américaine travaillant pour la Banque mondiale, a été enlevée au coeur de Sanaa, lacapitale du Yémen, avec son accompagnatrice-interprète Chérine Makkaoui. L’employeur de la Française, Francisco Ayala, a indiqué qu'«Isabelle était la dernière» des expatriés de sa société encore présente dans le pays, et qu'elle «devait partir dans quelques jours».

Selon lui, elle se rendait en voiture à son travail. L'employeur a raconté que tout s'était passé très vite. «Deux voitures ont arrêté la nôtre, ces gens étaient habillés en policiers», a-t-il précisé. La voiture a tourné dans la ville puis le chauffeur a été libéré et a prévenu les autorités. Selon Francisco Ayala, les ravisseurs ont voulu libérer l'accompagnatrice mais cette dernière a refusé pour rester avec la Française.

>> Le point sur Al-Qaida dans la péninsule arabique par ici

Qui sont les ravisseurs ?

A l’heure actuelle, l’enlèvement n’a pas été revendiqué. Antoine Basbous, politologue et spécialiste du monde arabe, a expliqué à 20 Minutes que plusieurs groupes pouvaient être à l’origine du rapt. Les Houthis, une secte chiite qui contrôle la capitale yéménite, pourraient avoir kidnappé Isabelle Prime afin de «punir les occidentaux d’avoir fermé leurs ambassades dans le pays». Le groupe Al-Qaida dans la péninsule arabique (Aqpa) pourrait également avoir commis cet acte, même si d'après un journaliste spécialiste du sujet, ce n'est pas tout à fait leur mode opératoire.

« pr le kidnapping d'une française #France &une #Yémen-ite à #Sanaa bcp pointe #AlQaeda mais kidnapper 2 femmes dont une locale est inhabituel — Wassim Nasr (@SimNasr) February 25, 2015 »

Enfin, Antoine Basvbous opte pour une troisième piste: celle d’un groupe tribal qui pourrait réclamer une rançon. «Cette hypothèse serait la moins inquiétante», juge l’analyste.

Comment se déroule l'enquête?

Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a précisé mercredi, que tous les services étaient «mobilisés» pour obtenir la libération d’Isabelle Prime. «Tout va être mis en oeuvre pour essayer de reprendre un contact et d'obtenir (sa) libération», a déclaré Laurent Fabius, cité par Stéphane Le Foll. Laurent Fabius a également réitéré l'appel aux ressortissants français à quitter le pays.

La famille de l’accompagnatrice yéménite a dit avoir sollicité l’intervention des chefs tribaux, du ministère de l'Intérieur et de miliciens chiites Houthis pour obtenir la libération des deux femmes. «Nous avons contacté différents chefs tribaux à Sanaa, dans les provinces de Jawf (nord) et de Marib (centre) pour nous assurer de leur collaboration», a déclaré, à l'AFP Yassine Makkaoui, oncle de l'accompagnatrice. «L'enlèvement s'est passé en plein jour dans le centre de Sanaa où les Houthis sont responsables du maintien de l'ordre», a-t-il ajouté. «Ils contrôlent à la fois les ministères de la Défense et de l'Intérieur et nous les rendons responsables» du sort des deux femmes.

Pourquoi c'est compliqué?

L'absence d'autorités légitimes dans la capitale yéménite et le départ des diplomates occidentaux compliquent les recherches. Le pays est aujourd’hui en plein chaos, dans un «état calamiteux», analyse Antoine Basbous. Soutenus par l’Iran, les Houthis contrôlent Sanaa. Dans la nuit, ils ont affirmé avoir lancé une procédure judiciaire contre le président Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié à Aden, dans le sud du paus. Ce dernier, qui a réussi à leur échapper samedi à Sanaa, rejette leur coup de force et affirme être le chef d'Etat légitime du pays.

C'est dans ce chaos qu'Al-Qaida dans la péninsule arabique (Aqpa), dont les frères Kouachi se sont revendiqués en janvier, prospère. Pour les sunnites, le groupe Aqpa, qui possède une forte influence dans le pays, apparaît donc comme une alternative aux Houthis.