«Impossible» de restructurer la dette grecque en possession de la BCE
ELECTIONS EN GRECE•La Banque centrale européenne détient 27,2 milliards d’euros de dette grecque. Et pas question pour elle d’approuver une quelconque réduction de cette dette…Fabrice Pouliquen
Il est impossible pour la Banque centrale européenne (BCE) d'accepter une restructuration des titres de dette grecque en sa possession, a prévenu lundi Benoît Coeuré, membre du directoire de l'institution, après l'arrivée au pouvoir du parti de gauche radicale Syriza.
«Il est absolument clair que nous ne pouvons approuver aucune réduction de la dette qui toucherait les titres grecs détenus par la BCE. Cela est impossible pour des raisons juridiques», a averti Benoît Coeuré dans une interview au quotidien économique allemand Handelsblatt.
Le mandat de la BCE lui interdit de financer les Etats européens, ce qui serait le cas lors d'une telle opération. Mais pour ce qui est des autres titres en circulation, «ce n'est pas à la BCE de décider si la Grèce a besoin d'une réduction de sa dette», a expliqué Benoît Coeuré, renvoyant la balle dans le camp politique européen.
La BCE détient actuellement 27,2 milliards d'euros de dette grecque
Les Grecs ont donné dimanche une victoire historique au parti de gauche radicale Syriza. Son chef de file, Alexis Tsipras, souhaite négocier avec l'Europe la réduction de l'énorme dette du pays (175% du PIB), tout en se déclarant «prêt à coopérer et à négocier (...) une solution juste, viable et qui bénéficie à tous».
La BCE détient actuellement 27,2 milliards d'euros de dette grecque négociable, soit environ 42% du total. Deux de ces obligations arrivent à échéance le 20 juillet, pour 3,5 milliards d'euros, et deux autres en août, pour 3,2 milliards d'euros. La nouvelle donne politique en Grèce sera au menu de la réunion des ministres des Finances de la zone euro, réunis à Bruxelles lundi et mardi.
Le président français François Hollande a été l'un des premiers à féliciter Alexis Tsipras pour son élection. Le Premier ministre britannique David Cameron s'est en revanche ouvertement inquiété, sur son compte Twitter, d'un choix du peuple grec qui «accroîtra l'incertitude économique en Europe».
Quant au président de la banque centrale allemande, Jens Weidmann, il a pour sa part exhorté Alexis Tsipras à «ne pas faire de promesses illusoires» à ses concitoyens.