DIPLOMATIEMarche républicaine: John Kerry à Paris pour faire oublier le couac

Marche républicaine: John Kerry à Paris ce jeudi pour faire oublier le couac

DIPLOMATIELe francophile, qui veut « donner une grande accolade à la France», devra rattraper le coup alors que les Etats-Unis n'avaient pas envoyé de responsables de haut-rang au défilé du dimanche 11 janvier...
Maud Pierron

M.P. avec AFP

Le chef de la diplomatie américaine John Kerry est attendu jeudi soir à Paris pour tenter de faire oublier le couac de l'absence à un haut niveau de Washington à la marche historique dimanche contre le terrorisme. D'autant qu'une cinquantaine de responsables internationaux avaient fait le déplacement.

Un couac qui avait entraîné un mea culpa de l'administration américaine, alors que la presse américaine et les républicaines s'emparaient de la polémique. «Nous aurions dû envoyer quelqu'un de plus haut niveau», a admis Josh Earnest, porte-parole de l'exécutif américain. Seule ambassadrice américaine à Paris, Jane Hartley, était présente dans le cortège.

Même si, en France, les autorités ont adopté un profil bas face au «dédain» supposé du chef de file du monde démocratique, John Kerry devrait probablement aller au-delà de la simple visite de courtoisie à François Hollande et à son homologue Laurent Fabius pour redorer le blason américain en France. Depuis Sofia où il se trouvait jeudi midi, John Kerry a dit vouloir «donner une grande accolade à la France» après les attentats de la semaine dernière dans la capitale française.

L'erreur d'appréciation des autorités américaines

Apprécié des Français, le démocrate Barack Obama s'était certes rendu à l'ambassade de France à Washington après les attentats pour écrire quelques mots dans un livre de condoléances, comme l'a aussi fait John Kerry, francophile et cousin d'un ex-ministre français.

«Les Etats-Unis sont à vos côtés aujourd'hui et seront à vos côtés demain», avait-il alors déclaré. Sans toutefois décider de venir à Paris, comme des dizaines d'autres chefs d'Etats et responsables internationaux. Pour expliquer sa non-venue, des questions de sécurité et de logistique ont été évoquées mais elles n'ont pas empêché la présence du Premier ministre israélien, autre dirigeant extrêmement exposé à une éventuelle agression. Et si Barack Obama ne pouvait venir, il pouvait, pour afficher sa solidarité, recourir à son vice-président Joe Biden, demander à John Kerry d'écourter une visite en Inde, ou même solliciter Bill et Hillary Clinton.

Les Américains ont peut-être cru que la marche n'était qu'un événement européen, a confié François Hollande au quotidien Le Parisien, tandis que le Quai d'Orsay se répandait pour assurer que les deux alliés de l'Otan étaient restés en étroite relation tout au long de la tragédie, partageaient les mêmes valeurs, et luttaient ensemble contre la menace djihadiste. Paris est le deuxième contributeur aux raids aériens menés sous la houlette américaine contre le groupe Etat islamique en Irak.

Crispation sur la Syrie et le Mali

A la veille de l'arrivée à Paris de John Kerry, le président français a toutefois jugé utile de déplorer une énième fois que «la communauté internationale» - comprendre les Etats-Unis - ne soit pas intervenue militairement en Syrie à la fin de l'été 2013 comme le souhaitait la France. A l'époque, Barack Obama avait placé François Hollande dans une position très délicate en renonçant à la dernière minute d'attaquer le régime de Bachar al-Assad, accusé d'utiliser l'arme chimique contre sa population. Les Français avaient dû illico remettre l'arme au pied et, même si Paris a peut-être mal anticipé les choix américains, cet épisode continue de laisser un goût très amer en France.

Depuis l'arrivée au pouvoir en 2012 de François Hollande, d'autres couacs, plus petits, ont émaillé la relation franco-américaine. Lorsque la France a décidé du jour au lendemain d'intervenir militairement au Mali, elle a pu compter sur une aide logistique américaine précieuse (avions gros-porteur). Mais lorsque les Américains ont présenté la facture, les Français ont répondu par «un bras d'honneur», a raconté à l'AFP un responsable français s'exprimant sous anonymat.