Espagne: L'infante Cristina renvoyée devant un tribunal, une situation inédite pour la famille royale
JUSTICE•La sœur du roi est poursuivie pour des délits fiscaux...20 Minutes avec AFP
L'infante Cristina d'Espagne, sœur du roi Felipe VI, est renvoyée devant la justice pour des délits fiscaux, une première dans l'histoire de la famille royale, a annoncé lundi le tribunal de Palma de Majorque aux iles Baléares où l'affaire Noos a été instruite.
L'infante Cristina de Bourbon, 49 ans, est poursuivie au côté de son mari Inaki Urdangarin quatre ans après l'ouverture de l'enquête qui a secoué la monarchie espagnole, portant sur des malversations d'une société à but non lucratif, Noos, présidée par Inaki Urdangarin. Au total 17 personnes comparaîtront devant la justice.
Elle détenait avec son mari une société écran
«Le juge d'instruction numéro trois de Palma a ordonné aujourd'hui l'ouverture d'un procès oral dans l'affaire Palma Arena. Dans son ordonnance, il renvoie 17 personnes, notamment l'infante Cristina», annonce dans un communiqué le tribunal supérieur de justice des îles Baléares. Le juge en charge de l'affaire, Jose Castro, considère que Cristina, qui est la deuxième enfant du couple royal Juan Carlos et Sophie d'Espagne, a notamment collaboré avec son mari pour deux délits d'ordre fiscal. Jamais jusque-là aucun membre de la famille royale n'avait eu à comparaître devant la justice.
Cristina, mère de quatre enfants, est sixième dans l'ordre de succession de la monarchie, un droit auquel elle n'a pas voulu renoncer. Le parquet a fait appel à plusieurs reprises des décisions du juge Castro, estimant qu'elle ne pouvait être poursuivie, sans succès. Le dossier Noos était ouvert depuis le 22 juillet 2010. C'est en enquêtant sur le financement du vélodrome de Palma de Majorque que le juge est tombé sur des contrats suspects passés par Noos avec les régions des Baléares et Valence, pour l'organisation de congrès liés au sport. Ces congrès auraient donné lieu à l'émission de fausses factures via des sociétés écran, dont Aizoon, détenue pour moitié par Cristina et son époux.
L'affaire a ensuite pesé comme une épée de Damoclès sur la famille royale, avec la mise en examen en décembre 2011 d'Iñaki Urdangarin, écarté de toute activité officielle, puis le 3 avril 2013 de Cristina, soupçonnée d'avoir coopéré avec son mari. Entretemps étaient publiés des clichés du roi chassant les éléphants au Bostwana, en 2012 ou encore des mails entre Juan Carlos et son gendre, montrant qu'il soutenait ses activités d'homme d'affaires. Des scandales qui ont porté un coup sans précédent à la monarchie, alors que les Espagnols s'enfonçaient dans la crise.
Felipe VI, intronisé le 19 juin, s'est engagé à promouvoir une monarchie «honnête et transparente». Depuis cette intronisation, à laquelle elle n'était pas invitée, Cristina n'est plus officiellement membre de la famille royale.
La Maison royale d'Espagne a exprimé lundi «son respect absolu pour l'indépendance de la justice», après la décision d'un juge de renvoyer devant un tribunal la soeur du roi Felipe VI, l'infante Cristina, pour des délits fiscaux.