DECRYPTAGENon, Serge Lazarevic n'était pas le dernier otage français dans le monde

Non, Serge Lazarevic n'était pas le dernier otage français dans le monde

DECRYPTAGERodolfo Cazares est détenu au Mexique depuis juillet 2011...
Bérénice Dubuc

Bérénice Dubuc

«La France n’a plus aucun otage, dans aucun pays au monde.» François Hollande s'est félicité mardi que Serge Lazarevic, le dernier otage français dans le monde, ait été libéré. Pourtant, rappelle Otages du monde, il reste un Français dont on est sans nouvelles: Rodolfo Cazares, détenu au Mexique depuis juillet 2011, et dont il le gouvernement français ne fait jamais mention.

Qui est Rodolfo Cazares?

Chef d'orchestre Franco-mexicain de 37 ans, il dirigeait, au moment de son enlèvement et depuis 2007, le théâtre de Bremerhaven en Allemagne, où il résidait. Le maestro, marié à une Française, Ludivine Barbier Cazares, a demandé la citoyenneté française en juin 2011, qui lui a été accordée quelques mois plus tard, en février 2012.

Que lui est-il arrivé?

Rodolfo Cazares a été enlevé avec une quinzaine d’autres membres de sa famille, vers 4h30 le 9 juillet 2011, par des hommes appartenant au Cartel du Golfe, l'une des organisations criminelles les plus puissantes du pays, à Matamoros, dans l’état du Tamaulipas. Les femmes et les enfants, dont son épouse, ont été libérés peu après, et une rançon de 100.000 dollars versée pour récupérer les otages restants. Mais, depuis, le contact avec les ravisseurs a été rompu et aucune preuve de vie n’a été obtenue. Les ravisseurs pourraient avoir été à la recherche de Rudy Cazares, «un des enfants illégitimes du grand-père de Rodolfo», comme l’a expliqué Ludivine Barbier Cazares à Paris Match en 2012.

Des procédures judiciaires ont-elles été déclenchées?

Une procédure a été lancée au Mexique au niveau local, et un juge fédéral a été nommé. En France, «le dossier pour enlèvement est remonté en novembre 2012 au parquet de Paris. Mais, depuis, rien n’a bougé», indique à 20 Minutes Patricia Philibert, la secrétaire générale d’Otages du Monde. Du fait de sa naturalisation par mariage, rétroactive au 6 juin 2011, Rodolfo Cazares bénéficie pourtant de la protection consulaire française. Son épouse a été reçue plusieurs fois au Quai d’Orsay, et a reçu l’assurance de Laurent Fabius qu’il veillait «personnellement à ce que les moyens de la diplomatie française restent mobilisés». Elle est également en contact régulier avec le consul de France au Mexique, sensibilisé à l’affaire, souligne Patricia Philibert.

Pourquoi la France ne le considère-t-elle pas officiellement comme un otage?

Le quai d'Orsay considère qu’il s’agit d'un «enlèvement», dans la mesure où le crime est de «nature crapuleuse» et qu’il n’y a «aucune connotation politique, explique Patricia Philibert. Mais nous considérons que c’est bien un otage, puisqu’il a été enlevé, donc privé de liberté, pour être l’objet d’un échange. Même si ce cas ne relève pas de la qualification d’acte de terrorisme, c’est tout de même un cas de prise d’otage.» De plus, comme l’a expliqué la vice-présidente d’Otages du monde, Martine Gauffeny, à BFMTV, l'argument «ne tient pas», dans la mesure où on parlait bien d'otages dans l'affaire du Tanit ou du Ponant, où il a uniquement été question de rançon.

«Mais ce distingo n’est pas le plus grave, reprend Patricia Philibert. Tout ce que nous souhaitons, c’est que la France demande fermement à l’Etat mexicain de faire son travail, d’enquêter sérieusement pour savoir ce qu’il est advenu de notre concitoyen, car nous n’avons pour l’heure aucune preuve que ce soit le cas. Il s’agit seulement d’aider sa famille dans sa recherche de la vérité.»