REVUE DE WEBEtre Noir en Amérique

Etre Noir en Amérique

REVUE DE WEBAprès le verdict de Ferguson, les témoignages affluent...
Philippe Berry

Philippe Berry

Le verdict de Ferguson a remis le feu aux poudres: malgré l'élection de Barack Obama, les tensions raciales sont plus vives que jamais aux Etats-Unis, surtout entre la population noire et la police. De nombreuses voix racontent leur quotidien.

W. Kamau Bell, un comique de 1m95 et 110 kilos, dans une tribune publiée sur Vanity Fair: «J'ai peur de la police comme une araignée a peur d'une botte. Sur les critères des jeunes tués sans raison, je réalise le triplé: je suis un homme, grand et noir. Quand je rentre je rentre dans une supérette, je prends des actions préventives comme ma mère me l'a appris. J'enlève ma capuche. Je ne touche rien d'autre que ce que je suis sûr d'acheter. Je garde mes mains en dehors de mes poches.»

Aaron Ellis, raconte sur Slate son interpellation, avec deux amis, par plusieurs policiers dans le parking d'un centre commercial: «Ils nous donnaient des ordres contradictoires. ''Mets les mains en l'air!' ''Baisse les bras!'' ''Qui t'as dit de baisser tes bras?''. On avait un alibi: on était au restaurant et on avait le reçu pour le prouver. Ça n'a pas suffi. Ils nous ont interrogés pendant un long moment avant de nous laisser partir. Sans une excuse. Sans un ''Joyeux Noël''. De temps en temps, on te rappelle que tu es un Noir en Amérique.»

Akilah Hughes, une jeune auteur: «Quand j'étais ado, on a eu 'la discussion'' avec ma mère. Ne parles pas trop fort. Si tu te fais arrêter en voiture, ne bouge pas jusqu'à ce que l'officier soit à la fenêtre. Ne fais pas de blagues. Tout ce que tu fais peut être perçu comme ''menaçant''.»

Gary Fields, aujourd'hui journaliste au Wall Street Journal, sur un incident quand il avait 17 ans à la fin des années 70: «Je rentrais chez moi avec ma boule de bowling quand un policier me dit de faire attention car le suspect d'une fusillade, mesurant environ 1m65, est recherché dans le quartier. Un peu plus tard, j'entends une voiture freiner et un autre policier me met en joue. Instinctivement, je sais ce que je dois faire. Ne cours pas. Ne bouge pas. Ne proteste pas. Et surtout, ne demande pas pourquoi il t'a interpellé. Le policier m'a poussé sur le capot puis m'a menotté. Heureusement, le premier officier est arrivé et l'a engueulé. ''Est-ce que ce gamin a l'air de faire 1m70?'' Je mesure 1m92. ''Est-ce qu'il a l'air d'avoir 40 ans?'' J'ai 17 ans. ''Est-ce qu'il a l'air de faire 65 kilos?'' J'en pèse 110. Je demande alors: «Hormis le fait d'être noir, est-ce que je correspond à un seul autre critère de la description?»

Trois chiffres sur les Etats-Unis

- Un adolescent noir (entre 15 et 19 ans) a 21 fois plus de risques d'être abattu par un policier qu'un ado blanc, selon l'analyse de chiffres officiels incomplets par ProPublica.

- En 2013, 27 policiers ont été tué sur le terrain.

- Officiellement environ 400 Américains sont tués par la police chaque année, mais le chiffre réel se situe au-delà de 1.000, selon le Washington Post.