Présidentielle en Tunisie: Les cinq choses à savoir sur un scrutin historique
POLITIQUE•Le scrutin pour élire le chef de l'Etat se déroule dimanche en Tunisie...Bérénice Dubuc
Dimanche, 5,2 millions de Tunisiens vont élire leur premier président au suffrage universel direct depuis la Révolution de Jasmin de 2011. Au total, 22 candidats se présentent, parmi lesquels émergent plusieurs figures connues, et deux favoris, Béji Caïd Essebsi et Moncef Marzouki. 20 Minutes vous donne les clés pour comprendre ce scrutin.
1. Le président élu sera seulement le troisième depuis 1956
Ce scrutin va être le premier où les Tunisiens pourront voter librement pour leur chef d'État. En effet, depuis son indépendance en 1956, le pays n'a connu que deux présidents: Habib Bourguiba, le «père de l'indépendance», déposé le 7 novembre 1987 par un coup d'État de son Premier ministre, Zine el-Abidine Ben Ali, lui-même chassé du pouvoir par la Révolution de Jasmin le 14 janvier 2011. Le 12 décembre 2011, Moncef Marzouki a été élu président à titre provisoire, au suffrage indirect, par les membres de l'Assemblée constituante.
2. Le futur chef de l'État aura des pouvoirs restreints
Le président tunisien est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans, conformément à la Constitution, promulguée le 7 février. Si aucun des candidats ne remporte la majorité absolue des suffrages au premier tour, un deuxième tour aura lieu fin décembre. Et, pour éviter une nouvelle dictature, le futur chef de l'État ne disposera, selon la nouvelle Constitution, que de pouvoirs restreints, l'essentiel de l'exécutif relevant du Premier ministre, issu de la majorité parlementaire.
3. Vingt-deux candidats, dont une seule femme
Alors que la candidature de vingt-sept candidats avaient été enregistrée par l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), cinq ont annoncé qu'ils se désistaient de la course à la présidentielle. Cependant, leur candidature ne peut être formellement annulée, selon la Loi électorale. La liste des candidats compte plusieurs figures connues -comme le président de l'Assemblée constituante, Mustapha Ben Jaafar, le richissime homme d'affaires Slim Riahi, ou l’ex-gouverneur de la Banque centrale, Mustapha Kamel Ennabli-, mais ne comporte qu’une seule femme: la magistrate Kalthoum Kennou, 55 ans, mariée à un médecin français.
4. Essebsi et Marzouki sont les deux favoris
Béji Caïd Essebsi, 87 ans, est en position de force après la victoire de son parti, Nidaa Tounès («L’Appel de la Tunisie»), aux législatives du 26 octobre, avec 85 sièges remportés. Pourtant, cet ancien ministre d’Habib Bourguiba et président du Parlement sous Ben Ali, est accusé par ses détracteurs de chercher à rétablir le régime déchu. Son adversaire principal s’avère être le président sortant Moncef Marzouki. Issu du Congrès pour la République (CPR) et qui a reçu le soutien de plusieurs partis politiques (El binaa El Watany, le courant démocratique, parti de la réforme et de la construction, Binaa Maghrébin et le mouvement national de la justice et du développement).
5. Le parti islamiste Ennahda affiche sa neutralité
La deuxième force politique du pays après les législatives (69 sièges sur les 217 que compte l'Assemblée des représentants du peuple), qui ne présente pas de candidat à la présidentielle, a annoncé via Twitter qu’elle a décidé «de ne soutenir aucun candidat». Le parti islamiste appelle en effet à voter pour «celui qui préservera le mieux les acquis de la révolution et fera aboutir le processus démocratique».