L'Europe spatiale a posé le robot Philae sur une comète, une première

L'Europe spatiale a posé le robot Philae sur une comète, une première

Pour la première fois dans l'histoire de l'Humanité, l'Europe a posé en douceur mercredi un petit robot, Philae, à la surface d'une comète, couronnement d'une aventure spatiale entamée il y a vingt ans.
© 2014 AFP

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Pour la première fois dans l'histoire de l'Humanité, l'Europe a posé en douceur mercredi un petit robot, Philae, à la surface d'une comète, couronnement d'une aventure spatiale entamée il y a vingt ans.

Un sérieux bémol toutefois: le module pourrait ne pas être bien arrimé sur le sol de la comète «Tchouri», selon l'Agence spatiale européenne (ESA), qui cherchait toujours mercredi soir à tirer au clair la situation du robot.

«Nous savons que le robot a touché le sol de la comète. Nous avons reçu un signal très clair et nous avons aussi reçu des données de l'atterrisseur, notamment scientifiques. C'est la très bonne nouvelle», a déclaré Stephan Ulamec, responsable de l'atterrisseur Philae.

«La mauvaise nouvelle, c'est qu'apparemment, ses harpons n'ont pas fonctionné et qu'il n'est pas ancré à la surface».

Des fluctuations dans les signaux radio suggèrent soit que Philae a atterri dans un sol meuble, une sorte de «bac à sable», soit qu'il a doucement rebondi sur la surface avant de se reposer une seconde fois.

«Donc, peut-être aujourd'hui, nous avons atterri deux fois», a plaisanté M. Ulamec, déclenchant les rires de l'assistance. «Nous devrions en savoir beaucoup plus demain». L'ESA doit tenir un point de presse à 14H00.

Cet imprévu n'a pas gâché la fête au Centre européen d'opérations spatiales (ESOC) à Darmstadt (Allemagne), où l'on a sablé le champagne après cette première historique.

«Nous sommes très heureux», a commenté Andrea Accomazzo, directeur de vol de la mission Rosetta, sous des applaudissements nourris, lorsque le signal confirmant l'atterrissage est arrivé sur Terre à 16H03 GMT.

Il a fallu sept heures à Philae, largué par la sonde européenne Rosetta, pour descendre en chute libre jusqu'à sa cible. Son atterrissage, à plus de 500 millions de km de la Terre, s'est fait «en douceur», selon l'ESA.

Depuis Paris, le président français François Hollande a salué «l'exploit» de Philae et la «victoire de l'Europe».

Le robot aventurier, qui avait voyagé pendant dix ans avec Rosetta, était parfaitement à l'heure à son rendez-vous avec la comète Tchourioumov-Guérassimenko.

«C'est un grand pas pour la civilisation humaine», a estimé Jean-Jacques Dordain, directeur général de l'ESA. «Nous sommes les premiers à l'avoir fait et c'est cela qui restera pour toujours».

La NASA a aussi salué cette «percée dans l'exploration de notre système solaire» et «une étape-clé dans la coopération internationale», une référence aux trois instruments américains à bord de Rosetta.

La mission du robot laboratoire est de faire des prélèvements qui donneront des informations sur les origines du système solaire, voire sur l'apparition de l'eau et de la vie sur Terre.

L'ESA n'était pas en mesure mercredi soir de dire si le problème d'arrimage du robot était susceptible de gêner son travail.

- 'Embêtant pour les forages' -

Philae, 100 kg sur Terre, ne pèse qu'un gramme dans l'espace. Il a été conçu pour à la fois être plaqué au sol par l'émission d'un gaz et s'ancrer en profondeur sur la comète grâce à deux harpons. Ayant déjà eu un problème dans la nuit sur le système d'émission de gaz, il comptait sur ses harpons pour le maintenir au sol.

Si Philae n'était pas bien arrimé au sol, «ce serait embêtant pour certains instruments parce qu'on a besoin qu'il soit bien harponné pour utiliser la foreuse qui doit permettre de récupérer les échantillons dans le sol», a déclaré à l'AFP le chef de projet Rosetta au Centre national d'études spatial (CNES) à Toulouse, Philippe Gaudon.

Pendant sa longue descente, le robot a pu prendre des images de sa fidèle complice, Rosetta. Plusieurs de ses instruments ont aussi été mis en action.

Philae doit fonctionner grâce à sa pile pendant 60 heures et c'est là qu'il doit accomplir le maximum pour la science, et notamment faire les fameux forages.

Car sa mission est de trouver sur le noyau de la comète le graal des astrophysiciens: des molécules organiques qui ont pu jouer un rôle dans l'apparition de la vie sur Terre, les comètes étant les objets les plus primitifs du système solaire.

Après, il devra compter sur un système secondaire de batterie, rechargeable par de petits panneaux solaires.

Si tout va bien, il doit fonctionner jusqu'en mars. Au-delà, il est condamné à mourir de chaud, lorsque la comète se rapprochera du Soleil.

Mais Rosetta, qui a déjà parcouru 6,5 milliards de km, poursuivra son escorte au moins jusqu'au 13 août, date à laquelle Tchouri passera au plus près de l'astre. Sa mission est prévue jusque fin décembre 2015.

D'un coût total de 1,3 milliard d'euros, la mission Rosetta a mobilisé environ 2.000 personnes depuis 20 ans. Plus de 50 entreprises de 14 pays européens et des Etats-Unis ont participé au projet.

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