François Hollande au Canada: La question des frais de scolarité des Français sur le tapis
EDUCATION•Les étudiants français au Québec pourraient voir leur frais de scolarité passer de 2.000 à 10.000 euros…Romain Lescurieux
François Hollande entame ce dimanche la première visite d'État d'un président français au Canada depuis plus d'un quart de siècle. Objectif: renforcer les relations économiques et la coopération universitaire et scientifique entre les deux pays.
Dans ce sens, le chef de l'État abordera notamment avec le Premier ministre du Québec, Philippe Couillard, une épineuse question: les tarifs privilégiés dont bénéficient quelque 12.000 étudiants français dans les universités de la province francophone et qui pourraient être révisés. La nouvelle majorité libérale au pouvoir au Québec projette d'harmoniser le coût des études des étrangers francophones avec celui des étudiants d’autres provinces du Canada ou des autres pays. Remettant en cause une entente vieille de 36 ans.
Un manque à gagner d’environ 75 millions de dollars
Depuis 1978 un accord bilatéral - signé par la France et le Québec - permet aux Français de payer les mêmes frais de scolarité que les Québécois. De la même façon, les Québécois qui étudient en France jouissent de la gratuité universitaire. Mais le nouveau projet reviendrait à faire tripler voire quadrupler le tarif des étudiants français.
Actuellement, ces derniers peuvent étudier au Québec en payant environ 3.000 dollars canadiens soit environ 2000 euros l’année, rappelle Le Figaro. Ils n’ont donc pas à verser autant d’argent que les autres étudiants étrangers, dont les frais peuvent atteindre entre 10.000 et 12.500 euros selon les programmes. Et dans un contexte où le nombre d'étudiants français inscrits au Québec a grimpé de près de 90% depuis 2006, ces exemptions représenteraient pour le système universitaire québécois, un manque à gagner d’environ 75 millions de dollars, selon le gouvernement. D’où cette volonté de faire bouger les lignes dans un contexte actuel particulier.
Aboutir à «une proposition concertée»
La province peine depuis plusieurs années à équilibrer les finances de ses établissements supérieurs. Le gouvernement a présenté en février dernier un budget prévoyant des économies de 60 millions de dollars dans le fonctionnement des universités, notamment en révisant «les tarifs et les exemptions» des droits de scolarité.
«La France est concernée au premier chef», avait alors déclaré le Consul général de France à Québec Nicolas Chibaeff dans un communiqué à l'AFP. «Il s'agit de maintenir la mobilité étudiante au cœur de la dynamique des relations franco-québécoises». Évoquant «un effet de surprise», les diplomates français avaient estimé que la situation porte une «symbolique forte».
Philippe Couillard a lui assuré vouloir aboutir à «une proposition concertée». «À ce stade, aucune décision n'a été prise côté québécois. Le président en parlera avec le Premier ministre en rappelant que, pour nous, c'est vraiment un élément important de la relation privilégiée», a indiqué l'entourage de François Hollande.