Syrie: les renforts de peshmergas sont entrés à Kobané
Les quelque 150 combattants kurdes irakiens qui patientaient en Turquie sont entrés vendredi dans la ville syrienne de Kobané, où ils vont prêter main forte aux forces kurdes assiégées par les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).© 2014 AFP
Les quelque 150 combattants kurdes irakiens qui patientaient en Turquie sont entrés vendredi dans la ville syrienne de Kobané, où ils vont prêter main forte aux forces kurdes assiégées par les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).
Stationnés dans la ville frontalière de Suruç depuis deux jours, ces peshmergas ont fait mouvement vers le sud peu avant 21h30 locales (18h30 GMT) dans un convoi d'autocars et véhicules militaires, a constaté un journaliste de l'AFP.
D'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), 20 véhicules, transportant les hommes et leurs armes, dont des canons, ont franchi la frontière à l'ouest de Kobané et non au poste-frontière de Mursitpinar, juste au nord de la troisième ville kurde de Syrie, devenue depuis six semaines le symbole de la lutte contre l'EI.
Leur entrée dans la ville, qu'une petite délégation de dix peshmergas était venue préparer sur place la veille, a été précédée par de nouvelles frappes de la coalition internationale visant des positions jihadistes, a indiqué à l'AFP le président de l'OSDH Rami Abdelrahmane.
Ces renforts, annoncés de longue date, sont entrés à Kobané le jour où le président Recep Tayyip Erdogan, qui n'a accepté de laisser des peshmergas transiter par son pays que sous la pression américaine, a de nouveau critiqué la stratégie de la coalition.
«Pourquoi les forces de la coalition bombardent continuellement cette ville de Kobané? (...) Pourquoi pas d'autres villes, pourquoi pas Idleb (nord de la Syrie)?», s'est interrogé M. Erdogan à Paris, où il était reçu par le président français François Hollande.
«On ne parle que de Kobané, qui est à la frontière turque et où il n'y a presque plus personne à part 2.000 combattants», a-t-il ajouté.
Depuis que l'EI a lancé le 16 septembre une vaste offensive dans la région de Kobané, provoquant la fuite de quelque 300.000 habitants, cette localité appelée Aïn al-Arab en langue arabe concentre l'intérêt des médias et de la communauté internationale.
La coalition y a mené bon nombre de frappes aériennes, en appui des Unités de protection du peuple (YPG, principale milice kurde) qu'Ankara classe comme une «organisation terroriste» et assimile aux rebelles kurdes du PKK, qui mènent une guérilla sur son sol depuis 1984.
En dépit des appels répétés de ses alliés à la voir jouer un plus grand rôle dans la lutte contre l'EI en Syrie, la Turquie se refuse toujours à intervenir militairement et à laisser passer des combattants kurdes de Turquie, à la grande colère de cette communauté.
- 'Les efforts des fils' de l'Irak -
Malgré l'engagement de Washington contre l'EI en Syrie, spécialement à Kobané, le Commandement militaire américain chargé de la région (Centcom) martèle que l'Irak est la «priorité» des Etats-Unis. Ils sont d'ailleurs prêts à envoyer des conseillers militaires américains à Al-Anbar, une province occidentale presque entièrement sous la coupe de l'EI et où l'armée a essuyé nombre d'échecs.
Ailleurs en Irak, les forces gouvernementales ont toutefois pénétré vendredi dans la ville de Baïji et ont repris deux quartiers de cette localité contrôlée par les jihadistes depuis plusieurs mois, selon des officiers irakiens.
Baïji, au nord de Bagdad, est stratégiquement située sur la principale route menant à Mossoul (nord), la deuxième ville d'Irak, sous contrôle de l'EI. Sa prise pourrait permettre de sécuriser la principale raffinerie du pays, toute proche de là et où les forces de sécurité résistent depuis des mois aux jihadistes.
La plus haute autorité religieuse chiite irakienne, le grand ayatollah Ali Al-Sistani, a souligné vendredi qu'«il ne sera possible de débarrasser l'Irak de l'EI qu'en joignant les efforts de ses fils», sunnites comme chiites.
Accusé de nettoyage ethnique et de crimes contre l'Humanité par l'ONU, l'EI a mis à profit la guerre civile en Syrie et l'instabilité politique et sécuritaire en Irak pour s'emparer de larges territoires, où il fait régner la terreur.
Selon un rapport de l'ONU cité vendredi par The Guardian, quelque 15.000 jihadistes étrangers provenant de 80 pays sont venus ces dernières années pour combattre dans les rangs de groupes comme l'Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak, un chiffre «sans précédent».
En dépit des raids aériens, les combattants étrangers continuent de se rendre ainsi en Syrie au rythme de 1.000 par mois, d'après le Washington Post.