Disparus au Mexique : les autorités cherchent des corps dans une décharge

Disparus au Mexique : les autorités cherchent des corps dans une décharge

L'enquête sur les 43 étudiants mexicains disparus a conduit les autorités vers une décharge au milieu de montagnes du sud du Mexique, où des experts continuaient mardi de chercher des traces des jeunes.
© 2014 AFP

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L'enquête sur les 43 étudiants mexicains disparus a conduit les autorités vers une décharge au milieu de montagnes du sud du Mexique, où des experts continuaient mardi de chercher des traces des jeunes.



Selon les autorités judiciaires, c'est dans cette zone montagneuse, près de Cocula, dans l'Etat du Guerrero, que des policiers corrompus auraient remis les étudiants au cartel local de narcotrafiquants des Guerreros Unidos.

«C'est pour cela qu'on fait un travail de recherches d'ossements. On a déjà trouvé des os, mais les expertises doivent déterminer si ce sont des ossements d'animal ou d'être humain», a dit à l'AFP une source du gouvernement fédéral.

- Experts en blanc dans la décharge -

Depuis les hauteurs de la décharge, à laquelle les autorités judiciaires ont permis mardi l'accès à un groupe limité de reporters photographes, on pouvait voir s'affairer plus bas une quinzaine d'experts, vêtus de blanc et le visage protégé par un masque.

Ils plaçaient une vingtaine de petits repères orange plantés dans le sol, où on pouvait noter quelques traces de terre brûlée, mais sans restes apparents de corps.

Pour arriver à cet endroit, il faut parcourir plusieurs kilomètres sur d'étroits chemins de terre et de pierre, entourés de champs de maïs, a constaté le reporter de l'AFP.

Cocula se trouve à une vingtaine de kilomètres d'Iguala, la ville où ont disparu les 43 jeunes, le 26 septembre.

Cette nuit-là, des dizaines d'élèves-enseignants de l'école normale d'Ayotzinapa, réputée être un bastion de l'activisme social dans l'Etat de Guerrero, ont été attaqués par des policiers locaux et des membres supposés des Guerreros Unidos avec des armes à feu.

Six personnes, dont trois étudiants, sont morts et 43 étudiants sont depuis portés disparus malgré le déploiement de plus de 2.000 policiers et militaires qui ratissent la région depuis un mois.

Les autorités locales avaient d'abord affirmé que les examens réalisés sur 28 premiers corps découverts dans des fosses clandestines proches d'Iguala permettaient de dire qu'il ne s'agissait pas des étudiants disparus. Mais elles sont revenues sur leur affirmation et demandent maintenant d'attendre des résultats complets des examens.

- Pistes données par des détenus -

Au total 56 personnes ont été arrêtées, dont une quarantaine de policiers, dans le cadre de cette affaire des disparus qui suscite l'indignation au Mexique et dans le monde.

Les pistes pour arriver à la décharge de Cocula ont été indiquées par quatre membres présumés des Guerreros Unidos arrêtés lundi.

Le procureur a rappelé que les autorités détenaient déjà des gens ayant avoué leur participation à la capture des étudiants. «Et nous avions clairement identifié les cerveaux. Aujourd'hui, nous détenons des gens qui ont fait disparaître ces jeunes», a dit le ministre de la Justice, Jesus Murillo Karam.

Selon les enquêteurs, l'intervention policière contre les étudiants de cette école normale de Ayotzinapa, qualifiée d'établissement gauchiste, aurait été ordonnée par le maire d'Iguala, José Luis Abarca. Celui-ci aurait voulu les empêcher de perturber une cérémonie organisée par son épouse, soupçonnée de faire partie du cartel des Guerreros Unidos.

M. Abarca et Maria de los Angeles Pineda ont pris la fuite deux jours après l'attaque et sont toujours recherchés par les autorités.

L'affaire a déclenché une crise politique et la démission la semaine dernière du gouverneur de l'Etat du Guerrero, Angel Aguirre, très critiqué pour son manque de réactivité. Il est membre du même Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche) que le maire d'Iguala.

Le nouveau gouverneur, Rogelio Ortega Martinez, nommé dimanche, a été reçu lundi par le président mexicain Enrique Peña Nieto à Mexico.

«J'ai donné instruction au cabinet de sécurité, formé par les organismes de la justice et de la sécurité mexicains, pour qu'il rencontre (mardi) le gouverneur et qu'ils définissent ensemble des actions visant à rétablir l'ordre et la sécurité» dans le Guerrero, un des Etats les plus pauvres et violents du pays, a déclaré le président.

De leur côté, les proches des victimes se sont engagés à poursuivre leur mobilisation, parfois accompagnée de vandalisme, pour exiger le retour des disparus.

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